«Rien n'est plus facile que de dénoncer un malfaiteur; rien n'est plus difficile que de le comprendre» ---Fédor Dostoïevski

jeudi 24 février 2011

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Ce site n'est plus mis à jour et sera retiré prochainement.
Pour plus d'informations sur mes publications et pour me contacter: www.thomasrenard.eu

lundi 3 août 2009

Profiling Ethnique

J'ai donné une interview à la presse catalane (AVUI) sur le profiling ethnique comme mesure contre le terrorisme. A lire (en catalan) ici.

jeudi 30 juillet 2009

Sur les Excès du Contre-Terrorisme

Ainsi donc, selon le New York Times, le président Bush avait considéré déployer des troupes militaires sur le sol américain pour arrêter d'éventuels terroristes. Cela aurait été bien évidemment totalement illégal, inutile, inefficace et contre-productif...

Au-delà, cela permet de soulever rapidement le rôle des militaires dans le contre-terrorisme qui doit être diviser en 2 catégories. D'une part, dans nos sociétés occidentales (et par là je veux dire sur notre territoire), le rôle des militaires devrait être limité à la gestion de crise (c'est-à-dire contribuer aux efforts de secours après un attentat) et éventuellement à de l'assistance en cas de niveau d'alerte élevé (par exemple, utilisation de moyens de défense anti-aériens ou d'avions de surveillance type AWACS ou drones comme lors de la coupe du monde en Allemagne) mais toujours sous le contrôle des autorités civiles.

D'autre part, le rôle des militaires dans le contre-terrorisme est accru dans le cadre d'opérations en déploiement à l'étranger en ce qui concerne les opérations de contre-insurrection (Afghanistan) et parfois de contre-terrorisme (Irak bien que contre-terrorisme et contre-insurrection s'y soient mêlés). Certes, la contre-insurrection est différente du contre-terrorisme, mais dans le cadre afghan, cela ne saurait être entièrement différencier puisque ces opérations sont liées au niveau d'alerte terroriste en Europe et aux Etats-Unis.

Evidemment, même lors d'opérations à l'étranger, les militaires ne devraient pas se voir attribuer tous types de mission. Dans le cadre d'opérations purement contre-terroristes, il devrait être accordé une plus grande place aux autorités civiles (police, autorités judiciaires) en coopération avec les instances locales et les autorités civiles occidentales (déploiement de personnel civil, formateurs, etc...). Ce type de missions civ-mil est non seulement souhaitable, mais aussi essentiel. Et à ce niveau, l'Europe a une longueur d'avance sur les Etats-Unis.

vendredi 24 juillet 2009

Oui, l'Afghanistan est Important...

...du moins c'est ce que Tanguy Struye de Swielande et moi-même tentons d'expliquer dans cette carte blanche parue dans La Libre Belgique du 26 juin...

Désolé à tous pour le ralentissement d'activités. Activités professionnelles obligent!

mardi 26 mai 2009

Les Soviétiques et l’Otan en Afghanistan: des différences qui importent


Le 15 février dernier marquait le 20ème anniversaire du retrait soviétique d’Afghanistan. A tort ou à raison, le conflit actuel est souvent comparé à l’expérience de l’URSS dans les années 1980. Une telle comparaison est par essence teintée de pessimisme, et sert généralement à soutenir la thèse d’un retrait urgent des troupes otaniennes d’Asie du sud, sous prétexte qu’aucune forme de succès ne peut être atteinte et que l’échec est inévitable. Pourtant, s’il est intéressant de souligner les points communs entre les deux opérations en Afghanistan, afin d’apprendre des erreurs du passé, il est tout aussi primordial d’insister sur les différences qui peuvent laisser entrevoir une (légère) touche d’optimisme.

Au rayon des comparaisons, on notera que l’URSS considérait dès 1985, comme les Etats-Unis aujourd’hui, que les objectifs initiaux ne pourraient jamais être atteints, que « le temps n’était pas de notre côté [soviétique] » pour citer Gromyko en 1986 (via les National Security Archives de la George Washington University), alors président du Soviet Suprême, et qu’un retrait s’imposait. Côté américain aujourd’hui, le rêve d’établir une démocratie occidentale à Kaboul s’est effacé, mais l’ambition d’installer un régime stable (quitte à négocier avec les Taliban « modérés ») et d’atteindre une certaine forme de « victoire » revue à la baisse demeure (plus de bannière « Mission Accomplished » cette fois-ci).

Le retrait soviétique planifié dès 1985 était empêché par la peur d’une retraite humiliante vis-à-vis de l’ennemi américain. Aujourd’hui, les Etats-Unis on également peur d’une retraite humiliante, mais davantage vis-à-vis d’al-Qaïda que de n’importe quelle autre puissance rivale.


En outre, les Soviétiques posaient comme condition préalable à leur retrait la mise en place d’un gouvernement stable, reposant sur un large soutien populaire, et disposant d’une armée et d’une police équipées pour faire face aux moudjaheddines. La similarité avec l’objectif annoncé de la mission des forces de la coalition en Afghanistan aujourd’hui est évidente. Mais cela ne veut pas dire pour autant que l’échec est inévitable.

Le point commun fondamental entre les deux expériences, comme le souligne Bruce Riedel dans le dernier numéro de CTC Sentinel, tient dans le rôle joué par le Pakistan. En effet, dans les deux cas, le Pakistan constitue la « zone de sécurité » (safe haven, en anglais) à partir de laquelle les insurgés opèrent et s’approvisionnent. Les Soviétiques n’avaient jamais réussi à convaincre le Pakistan (et donc les Américains) de mater l’insurrection (et pour cause : l’objectif américain était d’affaiblir l’URSS en finançant les insurgés via les services secrets pakistanais). Aujourd’hui, les Américains sont pris à leur propre piège : les connections qu’ils ont contribué à créer entre renseignements pakistanais et djihadistes et Taliban empêchent tout engagement crédible du Pakistan (lequel qui plus est table sur un retrait des Américains, et donc préfère garder une forme de contrôle sur l’Afghanistan).

L’autre point commun essentiel tient sans doute dans cette phrase de Gorbatchev, prononcée en novembre 1986 (toujours via les National Security Archives) : « Nos généraux n’apprennent pas leurs leçons. (…) Nous avons eu des expériences passées en Angola, en Ethiopie, au Mozambique. Il doit y avoir une courbe d’apprentissage. (…) Nous devons trouver les clés de cette guerre ». Le récent remplacement du général McKiernan en Afghanistan ne fait qu’illustrer ce même problème.

Malgré ces quelques similitudes, des différences majeures persistent qui laissent entrevoir une meilleure issue au conflit. Tout d’abord, la raison de l’intervention américaine (défense nationale, sécurité collective) est bien plus légitime que celle qui avait poussé l’invasion russe (installer un régime communiste, sécuriser la frontière sud). Résultat : la mission de l’Otan bénéficie d’un bien plus large soutien international que celle de l’URSS. En outre, cela offre une plus grande marge de manœuvre à la coalition. En effet, le type de régime mis en place importe peu (du moins en théorie) et seul compte désormais le besoin d’éviter de créer un nouveau havre de paix pour al-Qaïda ou d’autres organisations terroristes. Enfin, les opérations contre-insurrectionnelles soviétiques étaient extrêmement brutales et non adaptées à ce type de conflit asymétrique, ce qui rendait toute victoire impossible.

En conclusion, retenons qu’il y a au moins autant de différences que de similarités entre les expériences soviétiques et otaniennes en Afghanistan. Dès lors, il est erroné d’élaborer des comparaisons hâtives entre les deux conflits, même s’il est intéressant et important de tirer des enseignements des erreurs du passé pour ne pas les répéter. Une victoire reste possible en Afghanistan, même si cette victoire n’est en rien semblable à celle qui était espérée à la genèse du conflit.

Cet article est simultanément crossposté sur Alliance Geostratégique.

Image 1: Retrait soviétique d’Afghanistan. Crédit: Wikimedia Commons.
Image 2: Hélicoptères et tanks russes en Afghanistan. Crédit: Wikimedia Commons.

vendredi 22 mai 2009

Mise à Jour de la Blogoliste

On a le droit de prendre son temps, mais pas de manquer à sa tâche...donc, après une longue période injustifiable, j'ai enfin mis ma blogoliste à jour (désolé pour ceux que j'aurais encore oublié, c'est un processus continu, même si je ne vise pas à l'exhaustivité)...Les derniers ajoutés valaient cependant la peine d'être mentionnés pour la qualité de leur blog, et leur régularité éditoriale. Bravo à eux.

Vous trouverez donc, Géographie de la ville en guerre, tenu par l'excellente Bénédicte Tratnjek; Mon blog défense, fait par un consultant en défense; Soliloques, composé de très courtes réflexions stratégiques et philosophiques; Historicoblog (2), par Stéphane Mantoux; et enfin mes collègues de l'Alliance Géostratégique que j'avais honteusement (flagellez moi si nécessaire!) oubliés: Les Carnets de Clarisse; Nihil Novi Sub Sole; et Quindi.

PS: Il y avait également un changement d'adresse pour le blog Guérillas de Romain Lalane.

mardi 19 mai 2009

Surréalisme afghan

On a l'impression de vivre en plein surréalisme belge en Afghanistan: l'ancien ambassadeur américain d'origine afghane Zalmay Khalilzad serait proche de devenir le plus haut responsable politique (non élu) dans le gouvernement d'Hamid Karzai...on croit rêver (enfin, un mauvais rêve...): comment prétendre instaurer un gouvernement légitime, autonome, aux yeux de la population lorsque le n°2 du gouvernement représente si clairement l'"occupant"?

dimanche 17 mai 2009

Recrutement Jihadiste en Grande-Bretagne

Le Sunday Times se vante de révéler la première histoire "de l'intérieur" d'un récit d'un jeune jihadiste recruté à Londres. Je vous éviterai mes commentaires sur ces journalistes qui se vantent d'"exclusivité"...Mais je relèverai les points suivants.

Le jeune homme en question explique qu'il a été recruté dans une mosquée de Londres. Alors qu'il allait prier, un groupe de radicaux l'a approché subtilement et a commencé à lui parler des innocents qui étaient tués en Irak, etc. Après cette première prise de contact (sans doute plusieurs, en réalité), il a été invité à quelques cours "religieux", ensuite suivis de visionnages de films jihadistes. Plus le processus de radicalisation avançait, selon le jeune homme, moins il y avait de doutes sur l'orientation jihadiste des recruteurs. Plus tard, les recrues participaient aux premiers entraînements pratiques, c'est-à-dire du paintball dans la forêt par exemple, en Angleterre. Si les recrues passaient les tests et juraient allégeance, elles étaient envoyées au Pakistan pour le véritable entraînement au jihad, afin de revenir par après mener des opérations en Europe.

On notera de ce compte-rendu qu'il reflète parfaitement tout ce que l'on savait déjà du processus de recrutement. Mais surtout, cela réflète l'"ancien mode de recrutement". Par cela, j'entend, comme je l'ai déjà souligné par ailleurs, que l'Afghanistan a aujourd'hui remplacé l'Irak comme motif de recrutement, que l'internet a au moins égalé les mosquées comme lieu de recrutement, et que les cellules sont peut-être aussi plus diparses qu'avant.

jeudi 14 mai 2009

Pope: Recommendations pour Obama

Je recopie ci-dessous cet excellent texte de William P. Pope, ancien coordinateur pour le contre-terrorisme au Département de Sécurité Nationale américain, publié par Europe's World. Il s'agit de recommendations pour le Président Obama en matière de lutte contre le terrorisme. C'est selon moi un texte sobre (pas toujours le cas dans cette littérature) qui reprend bien un grand nombre des aspects de la lutte contre le terrorisme, malgré la longueur limitée de l'article. Ce sont en tout cas des recommendations que je partage en grande partie.

Confronting global terrorism: recommendations for the US president
Author : William P. Pope

As the President of the United States, you are tasked with confronting a world of unprecedented complexity. One of the most vexing problems, but only one of many, is global terrorism. It is at least a generational problem and likely more. While the Bush Administration did much right in the days after 9/11, it went seriously off track in Iraq, which diminished the effort in Afghanistan. Domestically, it undermined our civil liberties and took other wrong steps. For the sake of the country and the success of your administration, you must speak clearly and forthrightly to your fellow Americans and our friends abroad. You cannot be the “action officer” on every daily twist and turn of our counterterrorism efforts, but you set the moral direction and make the most important policy decisions. Therefore, you must have a broader world view and greater personal understanding of world history and the relationship of current events to that history and to each other. It is essential that you understand and respect other countries, societies and religions and not view them through ideology-tinged glasses or as Americans at a remove.

In making and leading US counterterrorism and homeland security policy, please keep a few key points in mind. They include:

Terrorism is not new: Terrorism did not just spring up, fully formed, on September 11, 2001. Secular terrorists hijacked an El Al airliner in 1968. We are also reminded of the massacre of the 1972 Israeli team in Munich. In Europe, there was a long struggle, not yet entirely won, against the Red Brigades, IRA, ETA and others. Numerous attacks against the US, from Beirut to New York to East Africa to Aden, pre-dated 9/11. Terrorism is not a 21st-century phenomenon.

Terrorism is not an existential threat to the US: Yes, Osama bin Laden hopes to acquire a nuclear weapon. He surely would use it, if he could. That said, remember that the Soviet missile threat was an existential one. Bin Laden and other murderers cannot destroy the United States and cannot undermine our way of life, unless we let fear do it for them.

Keep terrorism in perspective: Therefore, it is essential that your administration keeps terrorism in perspective. Combating terrorism is an essential duty, but you and your colleagues at the top of the government must set the example and be seen to be calm and resolute. Resist recommendations to stoke public emotion and fear, even if doing so might be of short-term political advantage. The US has confronted and defeated much worse. So have our allies. Even if al-Qaeda manages to set off a nuclear device in a US city, we must not again resort to counterproductive actions, such as widespread incarceration of Muslim-Americans; brusque treatment of our allies (“with us or against us”); glaring lack of understanding of other cultures; and questionable approach towards the very civil liberties our country stands for. Former CIA operative Glenn Carle wrote recently that “We must not delude ourselves about the nature of the terrorist threat to our country. We must not take fright at the specter that our leaders have exaggerated.” Carle is right. I suggest that you bring in balanced experts like Carle, as early as possible in your term, for a reality-check on the factual state of international terrorism and how to confront it.

Terrorism is a tactic, not an ideology: We need to prevent and mitigate terrorist acts while doing what is, in some ways, the more difficult thing - understanding who uses this tactic and why. Are terrorists really just “crazy dead-enders?” Kremlinologists studied the Soviet Union in order to understand better how to contain it. Now, we must understand terrorists and their motivations. Willful ignorance will not do. Many terrorists are well-educated and seemingly very normal, especially the leaders. Several experts, such as psychiatrists Jerrold Post and Marc Sageman, have done extensive studies of the terrorist mindset. Your administration should make a point of consulting such experts early and often.

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mercredi 13 mai 2009

Nouvelle Publication: Engager l'OCS en Afghanistan

Dans le numéro de DSI de ce mois de mai, vous pourrez trouver un article de votre serviteur consacré au narcotrafic en Afghanistan, mais aussi le long des "routes de l'opium", et au rôle possible que peut jouer l'Organisation de Coopération de Shanghai dans cette lutte contre le trafic de drogue qui a d'importantes répercussions sur la sécurité en Afghanistan (lien narcotrafic-insurrection), en Asie (poches d'instabilités en Asie Centrale) et en Europe (problème de santé publique).


En-tête de l'article:

Dans le cadre de la lutte contre la production illégale d’opium en Afghanistan, les débats se limitent trop souvent au problème de la culture et de son éradication. Or, le trafic de drogue crée aussi des poches d’instabilité tout le long des « routes de l’opium ». Dès lors, il est intéressant de se pencher sur le possible rôle de l’Organisation de Coopération de Shanghai (OCS) dans la lutte contre le narcotrafic et sur les conséquences d’une telle collaboration OTAN-OCS.