«Rien n'est plus facile que de dénoncer un malfaiteur; rien n'est plus difficile que de le comprendre» ---Fédor Dostoïevski

lundi 28 janvier 2008

Distinguer Terrorisme et Insurrection

Le mot « terrorisme » est parfois mis à toutes les sauces. Dans un stade de football, les hooligans deviennent des « terroristes » des gradins ; et sur l’autoroute, les chauffards deviennent des « terroristes » au volant. Il s’agit là bien évidemment d’une utilisation erronée du terme. Pourtant, cet exemple grossier souligne une vraie lacune : l’absence de définition du mot terrorisme. Ou, pour être plus précis, l’absence de consensus autour d’une définition.

L’une des définitions les plus souvent citées, celle du FBI, la police fédérale américaine, décrit le terrorisme comme « l’usage illégal de la force ou de la violence contre des personnes ou des propriétés dans le but d’intimider ou de contraindre un gouvernement, la population civile, ou toute partie, dans la poursuite d’objectifs sociaux ou politiques ».

On parle souvent de terrorismes, au pluriel. Cela permet de souligner la multiplicité de groupes qui s'étend du terrorisme d'extrême-gauche au terrorisme d'extrême-droite, du terrorisme religieux au terrorisme non-religieux, ou encore du terrorisme "totalitaire" (c'est-à-dire avec une projet de société global) au terrorisme à cause unique (ex: Front de Libération des Animaux).

Il ne s’agit pas ici de faire l’inventaire de toutes les définitions existantes. Ni même d’en créer une nouvelle qui viendrait s’ajouter au nombre. Les raisons de l’absence de consensus sont liées tant à la complexité du phénomène qu’à sa portée politique (« les terroristes des uns sont les combattants pour la liberté des autres »). L’objectif de ce court article est d’établir la distinction entre terrorisme et insurrection, deux termes souvent utilisés de manière indifférenciée.

Une insurrection, comme le terrorisme, est une forme de guerre « asymétrique ». Elle oppose un groupe armé aux forces d’un état. Une insurrection est souvent reconnaissable aux méthodes de « guérilla » employées. La distinction entre terroristes et insurgés est parfois floue. Néanmoins, quelques critères permettent de différencier les deux groupes :

  • Nombre : Les groupes terroristes n’ont pas besoin de beaucoup de membres pour mener leurs actions contrairement aux insurgés. Cinq individus peuvent créer une cellule terroriste. Plusieurs dizaines d’insurgés sont nécessaires pour former une compagnie.
  • Organisation : Les groupes terroristes sont souvent divisés en petites cellules, alors que les groupes insurgés suivent une organisation copiée sur le modèle militaire (unités, bataillons, divisions). Alors que les insurgés s’organisent souvent sous un modèle hiérarchique strict, les terroristes ont tendance à avoir une organisation plus lâche.
  • Objectifs : Les groupes insurgés ont presque systématiquement des revendications territoriales alors que les groupes terroristes peuvent se limiter – mais ne se limitent pas toujours – à vouloir modifier une orientation politique ou sociale (les mouvements de libération des animaux par exemple)
  • Cibles : Les terroristes visent des cibles symboliques. Cela comprend des monuments importants ainsi que la population civile. Les insurgés essayent en général d’épargner la population (qu’ils essayent plutôt de rallier à leur cause), et s’attaquent essentiellement aux forces armées.
  • Tactiques : Les terroristes montrent une nette préférence pour les explosifs. Et, depuis quelques années, la méthode de l’attentat-suicide s’est popularisée dans certaines régions du monde, comme en Afghanistan et au Maghreb. Les insurgés privilégient les embuscades et les attaques-éclairs, souvent au moyen de fusils d’assaut.
  • Environnement : Les terroristes favorisent le territoire urbain alors que les insurgés trouvent souvent refuge en milieu rural.

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