«Rien n'est plus facile que de dénoncer un malfaiteur; rien n'est plus difficile que de le comprendre» ---Fédor Dostoïevski

mardi 6 janvier 2009

Focus Stratégique: al-Qaïda au Maghreb

Le dernier numéro de Focus Stratégique, publié par l'Institut Français des Relations Internationales (IFRI) est consacré à al-Qaïda au Maghreb Islamique (AQMI), rédigé par Mathieu Guidère, auteur d'un livre remarqué sur ce sujet. Pour ceux qui n'ont pas lu le livre, le texte est une saine lecture. Pour ceux qui ont déjà lu le livre, par contre, il y a peu de nouveautés à se mettre sous la dent. Dommage.

Le texte commence par une introduction où l'auteur se montre très pointilleux avec l'appellation AQMI, puisque le nom officiel du groupe est "Organisation d'al-Qaïda au Pays du Maghreb Islamique". Pourtant, dans la suite du texte, il utilise tour à tour les appellations AQMI, al-Qaïda au Maghreb, branche d'al-Qaïda au Maghreb, etc. Bref, on pourrait reprocher à Mathieu Guidère ici d'en faire trop ou pas assez. Néanmoins, sa précision est utile dans la mesure où de nombreux journalistes et membres du gouvernement algérien continuent de se référer au groupe en temps que Groupe Salafiste pour la Prédication et le Combat (GSPC), l'ancien nom d'AQMI qui correspondait à un stade antérieur du djihad algérien.

Car c'est bien le sujet de cet article: l'internationalisation du conflit algérien. Et c'est ici que les descriptions factuelles de l'auteur, basées sur une étude approfondie d'un grand nombre de communiqués du groupe, se révèlent précieuses. L'auteur décrit le long processus de transformation qui a débouché sur l'allégeance du groupe algérien à ben Laden, et la reconnaissance du groupe par ce dernier (car le processus d'allégeance est bien bidirectionnel, puisque chacun doit pouvoir s'y retrouver).

Ce processus que j'ai déjà mentionné ici et là dans ce blog, c'est la glocalisation, c'est-à-dire le passage d'une lutte locale à une lutte globale en adaptant sa stratégie et sa rhétorique.

Avec l'allégeance à al-Qaïda, les tactiques des insurgés algériens ont aussi changé. Ici, on reprochera à l'auteur de ne retenir que les processus d'apprentissage (via le retour d'expérience de vétérans de l'Irak) et de mimétisme (d'Irak ou Afghanistan), sans tenir compte des facteurs qui ont amené ces changements tactiques. Je fais référence ici au processus d'adaptations dynamiques des insurgés entre les différents modes tactiques disponibles selon les variables situationnelles.

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