Pour de muliples raisons, les projecteurs ont légèrement pivoté de l'Irak vers l'Afghanistan depuis quelques semaines. Tout d'abord, l'une des causes principales est peut-être le succès de la Surge américaine. En effet, il semble que l'adaptation de la contre-insurrection ainsi que l'augmentation du nombre de troupes ait eu quelque chose à voir avec la diminution des violences observées en Irak depuis quelques temps. Al-Qaïda en Irak semble bel et bien en difficulté. Plusieurs rapports récents ont fait mention de mouvements de jihadistes en partance de l'Irak vers d'autres destinations: Somalie, Soudan, mais aussi Afghanistan. Attention toutefois, ceci ne signifie pas l'arrêt de mort d'al-Qaïda en Irak, qui pourrait très rapidement renaître de ses cendres encore brûlantes.
Ensuite, en contraste avec le "succès" irakien, la situation s'est empirée en Afghanistan. En témoigne ce graphique mis en ligne par la NEFA Foundation qui contraste le déclin d'al-Qaïda en Irak avec la poussée des Talibans.
Plusieurs importants rapports publiés ces derniers mois ont également souligné l'"échec" de la coalition en Afghanistan. En outre, aux Etats-Unis, le rapprochement des positions originellement totalement opposées d'Obama et de McCain ont altéré l'intérêt médiatique du sujet.
Une autre importante raison du pivotement médiatique est...le pivotement médiatique lui-même. En effet, sentant le vent tourner, les journalistes les plus aguerris, comme Michael Yon, ont quitté l'Irak pour l'Afghanistan, enclenchant en même temps un cycle médiatique (basé sur le recyclage de l'information) débouchant sur le pivotement médiatique.
Les conséquences de ce pivotement sont multiples. Premièrement, il faut se méfier du danger de déclarer (encore) victoire en Irak. Deuxièmement, le désintérêt médiatique peut se révéler à double tranchant puisqu'il permet d'une part de démêler les stratégies politiques et militaires des pressions électorales, mais d'autre part, avec le désintérêt médiatique et public, les fonds vont aussi se réduire et par conséquent il sera de plus en plus difficile d'aider l'Irak. Troisièmement, l'amélioration du terrain irakien pourrait profiter au théâtre afghan, à condition d'allouer les ressources de manière efficiente. Plus de troupes sont nécessaires sur le terrain, il faut mettre un terme à la culture de pavots, stopper la corruption, renforcer les forces de police et les pouvoirs locaux, etc. Bref, la liste est longue et les moyens limités. Par contre, le focus médiatique sur l'Afghanistan pourra par lui-même participer à la résurgence d'al-Qaïda en Afghanistan, puisque les jihadistes tendent à suivre la mode "médiatique", il s'agira donc là d'un défi supplémentaire pour les forces de la coalition.
En conclusion, disons simplement que le pivotement médiatique entre l'Irak et l'Afghanistan présente des dangers et des opportunités. Il faut être conscient des dangers et saisir les opportunités.
«Rien n'est plus facile que de dénoncer un malfaiteur; rien n'est plus difficile que de le comprendre»
---Fédor Dostoïevski
mardi 22 juillet 2008
Pivotement Médiatique entre l'Irak et l'Afghanistan
Publié par Europe in the World à 23:30
Libellés : Afghanistan, Al-Qaïda, Insurrection, Irak, Terrorisme
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