Le Centre d'études en sciences sociales de la Défense (C2SD) vient de publier un nouveau rapport extrêmement instructif intitulé " Le rôle des militaires dans la lutte contre le terrorisme [Comparaisons européennes]", par Philippe Bonditti, Colombe Camus, Stephan Davidshofer, Emmanuel-Pierre Guittet, Jean-Paul Hanon et Christian Olsson. Petit résumé du rapport disponible dans son intégralité ici:
Allemagne: Prépondérance totale du civil sur le militaire, avec un fort accent mis sur la centralisation du renseignement et sur la prévention. Les auteurs rejoignent un constat que j'avais déjà dressé auparavant: Bien qu'identifiant la menace islamiste comme originaire du Moyen-Orient et d'Asie, l'Allemagne a surtout développé son appareil sécuritaire interne, bien que là aussi le débat sur les libertés civiles a freiné de nombreuses résolutions.
Espagne: Malgré une volonté des militaires de s'engager davantage dans la lutte contre-terroriste, le domaine reste essentiellement civil. Cependant, la Guardia Civil (qui a un statut militaire) est impliquée dans la lutte contre le terrorisme, et les forces espagnoles ont été impliquées, comme les autres forces européennes, dans les territoires irakiens et afghans. La surveillance des frontières, par contre, est essentiellement devenu une affaire militaire (guardia civil) depuis les attentats de Madrid et les débats qui ont suivi sur la relation entre immigration et terrorisme.
Grande-Bretagne: Le rôle des forces militaires s'ancre historiquement dans le conflit nord-irlandais où étaient appliquées les techniques contre-insurrectionnelles britanniques, mises en oeuvre notamment par les forces spéciales. Au Royaume-Uni, contrairement à ce qui se passe dans d'autres pays européens, l'accent est mis sur l'offensive plutôt que sur la protection, ce qui explique l'investissement en Irak et en Afghanistan. Par contre, à domicile, le rôle des militaires est quasi nul, si ce n'est en terme de partage des renseignements (centralisation des renseignements).
France: L'expérience de lutte contre le terrorisme islamiste remonte aux années 1980. Dès lors, la France n'a pas eu à fondamentalement modifier sa politique contre-terroriste après les différents attentats de 2001, 2004 et 2005. Cependant, depuis le livre blance de 2006, les militaires ont commencé à demander davantage de pouvoirs, ou du moins des clarifications sur leurs missions. Le nouveau livre blanc était sensé répondre à ces attentes.
Union Européenne: Bien que l'UE dispose de quelques fonctions en matière de contre-terrorisme, son engagement demeure limité. Le rôle des militaires, encore plus. Pour l'UE, le contre-terrorisme est encore essentiellement une matière policière et judiciaire, mais plus par limite de moyens que par véritable volonté.
OTAN: La composante militaire est évidemment prépondérante au sein de l'OTAN.
«Rien n'est plus facile que de dénoncer un malfaiteur; rien n'est plus difficile que de le comprendre»
---Fédor Dostoïevski
vendredi 27 juin 2008
C2SD: Les Militaires et le Contre-Terrorisme
Publié par Europe in the World à 18:50
Libellés : Europe, Militaire, Terrorisme
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