«Rien n'est plus facile que de dénoncer un malfaiteur; rien n'est plus difficile que de le comprendre» ---Fédor Dostoïevski

lundi 20 avril 2009

CTC Sentinel sur le Terrorisme en Belgique

Le dernier numéro du CTC Sentinel, la revue de West Point consacrée au terrorisme, est sorti. Comme toujours, je vous recommande vivement cette saine lecture! Tom Ricks et le Small Wars Journal aussi, soit dit en passant...

Dans un article court mais dense et instructif, Paul Cruickshank, chercheur à l’Université de New York, revient sur l’arrestation de 14 islamistes en Belgique, et deux en France, le 11 décembre 2008, suspectés de planifier une attaque terroriste imminente. De façon assez remarquable, puisque basé aux Etats-Unis, Paul Cruickshank offre sans doute la meilleure analyse disponible à ce jour sur ces événements et ses implications pour la Belgique et l’Europe, après avoir interrogé plusieurs membres des services de renseignement et avoir eu accès aux témoignages des suspects.

Les jeunes islamistes auraient été recrutés grâce aux efforts du couple Moez Garsallaoui/Malika el-Aroud, la veuve de l’assassin du commandant Massoud. Tandis que Garsallaoui parcourait les rues et les mosquées de Bruxelles à la recherche de jeunes recrues, el-Aroud assurait la propagande djihadiste au travers de son site internet « Minbar SOS ». Selon le témoignage de certains suspects, un groupe de volontaires seraient partis pour l’Afghanistan/Pakistan, en transitant par la Turquie (Istanbul) et l’Iran (Zahedan), ce qui correpond à l’itinéraire utilisé par d’autres cellules, notamment celles de l’Union du Djihad Islamique (UDI) en Allemagne. Toujours selon les suspects, ils auraient été recueillis avec suspicion et de façon désordonnée par les membres d’al-Qaïda, ce qui semble refléter l’affaiblissement (paranoïa, désorganisation) et la décentralisation (cellules de 10 combattants maximum) du groupe terroriste, même dans son bastion.

La raison du retour des volontaires djihadistes en Belgique demeure inconnue. Ces derniers affirment qu’ils étaient frustrés de ne pouvoir combattre en Afghanistan et qu’ils ne supportaient plus les conditions d’existence minimales. Leur arrestation, cependant, est basée sur la suspicion qu’ils constituaient une cellule opérative en Europe, prête à passer à l’action.

Comme le souligne très justement Paul Cruickshank, ces arrestations soulignent à quel point l’Afghanistan et le Pakistan (AfPak) sont devenus le nouveau point focal de la menace terroriste contre l’Europe, en parallèle, bien sûr, avec l’Afrique du Nord. En réalité, l’AfPak a remplacé l’Irak comme destination et comme inspiration pour les djihadistes en Belgique et ailleurs en Europe.

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