Plusieurs individus ayant émis des menaces de mort contre le premier ministre britannique Gordon Brown et son prédécesseur Tony Blair ont été placé en détention en attendant leur procès au mois d'octobre. Ishaq Kanmi, 22 ans, est accusé de tentative d'assassinat et de diffusion de propagande jihadiste. Abbas Iqbal, 23 ans, et son frère Ilyas, 21 ans, sont accusés de détention de matériel jihadiste (matériel de camouflage) et de propagande.
Le communiqué de menace contre le premier ministre britannique, posté sur un site internet jihadiste, était signé par "al-Qaïda en Grande-Bretagne", un groupe inconnu.
La dénomination du groupe est évidemment particulèrement intéressante et mérite une petite réflexion. En effet, jusqu'à présent, al-Qaïda n'a pas réussi à implanter une structure solide en Europe, mais plutôt un réseau de petites cellules, isolées ou vaguement liées entre elles. Ce groupe serait-il une proto-structure qaïdiste en Europe? A mon sens, et dans la limite des informations accessibles, non. Selon moi, il est davantage probable que ce groupe soit le fait d'individus se revendiquant d'al-Qaïda, sans que la relation soit réciproque.
Al-Qaïda a démontré dans le passé, en Algérie et en Irak notamment, qu'il n'est pas si simple de se revendiquer d'al-Qaïda. Le processus d'"affiliation" est long, compliqué, et exigeant.
Par contre, qu'est-ce que ce groupe, ainsi que d'autres individus arrêtés précédemment nous enseigne? Que le leadership d'al-Qaïda maintient toute son autorité, y compris en Europe. Dans de nombreux cas, comme écrit dans ce blog précédemment, les jihadistes européens se sont radicalisés ou ont acquis leur formation en Afghanistan et au Pakistan, renforçant l'importance de la structure centrale d'al-Qaïda. Mais, en outre, ces individus et ceux qui ont été radicalisés via internet ou via d'autres moyens montrent une volonté de se rattacher à al-Qaïda, plutôt que de simplement agir au nom du jihad.
Deux conclusions doivent être tirées: Premièrement, la théorie hoffmanienne semble toujours plus se vérifier, même si la vérité, comme je l'ai déjà dit, se trouve sans doute entre Bruce Hoffman et Marc Sageman. Deuxièmement, ce besoin d'attachement à al-Qaïda plutôt qu'au jihad indique un besoin d'identification non pas à un être supérieur (Allah) mais à quelqu'un de bien réel (Ben Laden). Il y a un désir de pouvoir, d'appartenir à quelque chose de plus grand que soi, de faire partie d'un "mouvement", d'une idéologie. Toute stratégie contre-terroriste, dès lors, doit s'attaquer à l'idéologie, aux racines locale du problème, et à la structure centrale d'al-Qaïda. Tout un programme...
«Rien n'est plus facile que de dénoncer un malfaiteur; rien n'est plus difficile que de le comprendre»
---Fédor Dostoïevski
vendredi 29 août 2008
Découvrez Al-Qaïda en Grande-Bretagne
Publié par Europe in the World à 17:01
Libellés : Al-Qaïda, Europe, Terrorisme
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