Dans un nouveau plan contre le terrorisme, la police irakienne va nettoyer les rues de Bagdad des sans-abris et des handicapés afin de les empêcher de "devenir les victimes innocentes d'Al-Qaïda". Cette décision fait suite à l'attentat du 1er février où deux femmes présentant des troubles mentaux se sont fait exploser au milieu de deux marchés fréquentés, tuant près d'une centaine de personnes. La police irakienne craint que de telles attaques ne se reproduisent. L'arrestation du directeur de l'hôpital où les deux femmes avaient été traitées faisait aussi craindre l'existence d'une véritable 'filière' entre l'hôpital et al-Qaïda.
J'avais déjà discuté sur le blog de Stéphane Taillat de ce pseudo-changement de stratégie d'al-Qaïda. Au vu de cette nouvelle mesure prise par la police irakienne, laissez-moi donc me répéter.
- L'utilisation d'handicapés, d'enfants ou de sans-abris n'est pas une technique entièrement neuve chez les terroristes. Cependant, cela ne représente qu'une petite minorité des actions terroristes.
- Ce genre d'individus ne constituent pas un pôle de recrutement privilégié pour les terroristes. En effet, mener une attaque (suicide ou pas) requiert un grand nombre de qualités dont ces individus sont souvent dépourvus. Chaque action a une "probabilité de réussite". Confier cette mission à un individu hautement qualifié accroît la probabilité de réussite. A l'inverse, confier cette mission à un individu faiblement qualifié diminue la probabilité de réussite.
- Outre le risque que ces individus n'optimisent pas leur mission (en faisant exploser la bombe trop tôt ou trop tard par exemple), ou échouent complètement, il y a aussi le risque de 'défection'. En Afghanistan, où les Talibans ont essayé de recruter des enfants, un grand nombre de ceux-ci sont venus directement en faire part aux forces de sécurité. Quant aux sans-abris, ils sont bien plus occupés à tenter de survivre que pour aller se faire exploser sur un marché.
- Une mission qui échoue équivaut à une perte de temps, de matériel et de personnel.
- Des individus arrêtés représentent un risque pour tout le groupe.
- La multiplication d'échecs nuit à la réputation du groupe.
- La liste pourrait encore être longue. Je concluerai juste comme ceci: l'attaque du 1er février a été extrêmement efficace, mais il s'agissait d'un "risque stratégique" pris par al-Qaïda en Irak (AQI). Il faut dès lors se demander ce qui a poussé à ce risque: Etait-ce le choix d'une cellule d'amateurs? Etait-ce le résultat d'un manque de recrues? Dans tous les cas, la décision de la police irakienne est très bonne au niveau social, mais de faible intérêt au niveau contre-terroriste.
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