En ouvrant le Washington Post mercredi, certains lecteurs ont pu être surpris par l'énorme publicité d'une page entière demandant de mettre fin à la dépendance américaine vis-à-vis du pétrole. Ce n'est pas le message qui est surprenant, cependant, mais plutôt son porte-parole: l'ancien directeur de la CIA, James Woolsey, dont la photo figurait en grand sur la page.
Un lecteur peu familier avec les questions d'indépendance énergétique peut se demander "Bon sang, qu'est ce qu'un ancien directeur de la CIA a à voir avec un problème environnemental?". La raison est simple: Woolsey considère que la sécurité nationale des Etats-Unis est mise en danger par la dépendance énergétique américaine à l'égard des pays du Moyen-Orient.
Je ne vais pas détailler ici toute l'argumentation de Woolsey qui est accessible via un autre article que j'ai écrit, disponible ici. Je veux simplement souligner les connexions qu'il fait entre pétrole et terrorisme. Très intéressantes, certaines connexions n'en sont pas moins controversées.
Premièrement, selon Woolsey, l'argent du pétrole finance des régimes tels que l'Arabie Saoudite qui participent à la radicalisation islamique, notamment via le financement de madrassas (écoles coraniques). Ces madrassas contribueraint à leur tour à la formation de générations de terroristes. Si la première partie de l'argument de Woolsey est correcte, la seconde partie le semble moins. En effet, j'ai déjà souligné précédemment que la religion n'est pas le facteur prédominant dans le terrorisme islamique.
Deuxièmement, l'économie américaine est fortement influencée par le cours du pétrole. Or, les puits de pétrole sont la cible d'al-Qaïda. Pour Woolsey, l'Amérique n'est pas à l'abri d'une flambée du pétrole directement causée par une attaque terroriste. Ici, je dois avouer les limites de mon expertise, mais je sais que beaucoup d'économistes sont en désaccord avec Woolsey.
Troisièmement, la dépendance au pétrole est une faiblesse que les terroristes peuvent exploiter. En Irak, par exemple, les convois de pétrole sont souvent la cible d'attaques terroristes. Les infrastructures sont également exposées.
Enfin, l'argument le plus intéressant de Woolsey tient sans doute dans sa proposition: penser la sécurité énergétique, la lutte contre le changement climatique et la lutte contre le terrorisme de manière conjointe, et non de manière séparée.
«Rien n'est plus facile que de dénoncer un malfaiteur; rien n'est plus difficile que de le comprendre»
---Fédor Dostoïevski
jeudi 20 mars 2008
Terrorisme et Sécurité Energétique
Publié par Europe in the World à 22:52
Libellés : Al-Qaïda, Etats-Unis, Islamisme, Moyen-Orient, Terrorisme
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire