Dans un court article paru dans le Small Wars Journal, Clinton Watts examine le profil des combattants étrangers en Irak et en Afghanistan, sur base de documents obtenus en Irak (publiés par le Combating Terrorism Center) et de témoignages de détenus à Guantanamo. Bien que je sois pas entièrement d'accord avec ses recommendations et que j'aie quelques interrogations concernant sa méthodologie, je trouve le profil qu'il dresse très intéressant (surtout parce que cela tient en quelques lignes). Il faut être conscient que ce profil se limite aux combattants en Irak et en Afghanistan, et n'est en rien une indication de ce qui se passe ailleurs comme voudrais le suggérer Watts. Concrètement, donc, le jihadiste en Irak et en Afghanistan est:
- Un jeune homme qui vient de quelques grandes villes d'Afrique du Nord et du Moyen Orient. Il vient essentiellement de pays pauvres et peu démocratiques.
- Le Jihadiste n'a pas été recruté par internet ou par l'organisation centrale d'al-Qaïda, mais plutôt par des anciens combattants, de retour de mission, et des religieux locaux.
- Le Jihadiste est généralement sans emploi, ou étudiant, ou simple travailleur (bon ici, les critères de Watts incluent un peu tout le monde).
- Le Jihadiste n'est pas spécialement pauvre, mais il a du temps libre, ce qui permet sa radicalisation.
- Si le Jihadiste a déjà une expérience du combat, il rejoindra la guérilla. Sinon, il deviendra kamikaze (cette dernière remarque est assez intéressante, car je n'avais jamais vraiment lu une affirmation aussi directe...donc je me méfie aussi naturellement mais cela vaut la peine d'y penser).
Comme je l'ai dit, la description de Watts est sujette à caution. En outre, elle ne m'apparaît qu'à moitié utile, étant donné que cette description inclut grosso modo la majorité de la population du Maghreb et du Moyens Orient (ce qui est en général le cas de toutes les études de profils de terroristes, ce qui démontre simplement que ce sont des individus "comme les autres"). Enfin, au niveau méthodologique, Watts ne reprend pas l'entièreté des données du CTC mais, surtout, il reprend de manière extrêmement surprenante, les données des 19 terroristes du 11 septembre (je ne sais pas pourquoi...).
Bref, je trouve les études de profil toujours intéressantes, et celle-ci souligne quelques points intéressants, mais elle est vouée à être oubliée rapidement.
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