Mardi, un homme de nationalité jamaïquaine a été arrêté à l'aéroport d'Orlando, Floride. Dans son sac de voyage, il transportait tout le matériel nécessaire pour fabriquer une bombe. Il a reconnu que son objectif était bien d'assembler la bombe...mais pas pour la faire exploser dans l'avion. En fait, Kevin Brown voulait montrer à ses amis en Jamaïque comment les insurgés irakiens construisent leurs IEDs (Improvised Explosive Devices). Brown avait servi dans l'armée américaine entre septembre 1999 et décembre 2003.
Pour le moment, les enquêteurs cherchent encore à établir si Brown est atteint de troubles psychologiques. En réalité, dans cette affaire, le plus intéressant tient dans le modus operandi menant à l'arrestation plus que dans les motifs du suspect, qui doivent encore être établis.
C'est un employé de la compagnie aérienne qui a prévenu les services de sécurité. Brown, apparemment, agissait de manière étrange en attendant l'embarquement. L'homme avait passé tous les contrôles de sécurité, mais c'est un employé chargé de l'embarquement qui a découvert le pot aux roses. Une nouvelle illustration du rôle important joué par chaque individu dans la lutte contre le terrorisme (et la criminalité en général).
La réaction de l'employé n'est pas totalement dûe au hasard. Depuis quelques temps, plusieurs aéroports américains ont lancé un nouveau programme intitulé "Behavior Pattern Recognition" (BPR), ou la "Reconnaissance de Tendances Comportementales". Concrètement, BPR propose une série de comportements décrits comme "suspects": quelqu'un qui transpire abondamment dans une salle aérée, quelqu'un qui va sans cesse aux toilettes avant d'embarquer, etc. BPR a été créé par Rafi Ron, l'ancien directeur de la sécurité à l'aéroport Ben Gourion en Israël.
Selon Rafi Ron, BPR est le travail non pas de quelques officiers, mais de tout le personnel de l'aéroport, allant du voiturier jusqu'à madame pipi (surtout madame pipi d'ailleurs, étant donné l'absence de caméras dans les toilettes). Dès lors, dans les aéroports où ce programme a été instauré, tous les employés ont reçu une formation au BPR.
Le BPR présente plusieurs problèmes évidents. Le principal étant sans doute que la formation de base (2 heures) est certainement insuffisante pour modifier certains préjugés profondément ancrés dans la psyché individuelle. Dès lors, il y a de fortes chances que madame pipi soit davantage vigilante vis-à-vis de ses "clients" arabes que de "Monsieur tout le monde". Or, outre les dangers liés au délit de faciès, les dernières déclarations du directeur de la CIA, Michael Hayden, soulignent que les prochains terroristes d'al-Qaïda seront sans doute occidentaux, ou du moins occidentalisés. Et donc, madame pipi pourrait bien se méfier des mauvaises personnes...
Le BPR vient de démontrer son efficacité à Orlando. Il n'y a aucun doute que notre sécurité soit l'affaire de chacun, et donc le BPR est une initiative dans la bonne direction. Cependant, les lacunes et les problèmes de cette stratégie sont nombreux. C'est en étant conscient des avantages et des désavantages de cette technique que l'on pourra avancer vers une meilleure stratégie de contre-terrorisme.
«Rien n'est plus facile que de dénoncer un malfaiteur; rien n'est plus difficile que de le comprendre»
---Fédor Dostoïevski
jeudi 3 avril 2008
"Reconnaissance de Tendances Comportementales": La Sécurité de Tous par Tous
Publié par Europe in the World à 00:12
Libellés : Al-Qaïda, Etats-Unis, Terrorisme
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