Le dernier numéro du Sentinel, le mensuel du Combating Terrorism Center (West Point), est sorti il y a quelques jours. L'occasion pour moi de recommander une fois encore la lecture de cet excellent journal.
Il y a plusieurs articles très intéressants, mais je ne vais pas tous les résumer ici. Je vais juste parler rapidement de deux articles qui ont retenu mon attention.
Premièrement, l'article d'Andrew Black sur l'évolution d'al-Qaïda au Maghreb (AQIM, ancien GSPC). Dans cet article, l'auteur compare l'importance des objectifs locaux du groupe par rapport à ses ambitions globales, sur base d'une étude statistique de l'ensemble des déclarations du groupe entre mars 2005 et mars 2008. Il découvre que avant que le GSPC ne devienne al-Qaïda en 2006, il faisait référence à des objectifs locaux (Algérie) cinq fois plus qu'à des objectifs globaux (Occident, Israël). Après 2006, le déséquilibre diminue de moitié en faveur des objectifs globaux. Finalement, en septembre 2007, AQIM ne faisait référence à ses ambitions algériennes que deux fois plus par rapport à son jihad global.
Cela signifie que, quelques soient les raisons qui ont poussé le GSPC à rejoindre al-Qaïda, le fait d'appartenir à al-Qaïda influence les objectifs du groupe. On pourrait presque parler de "pressions organisationnelles".
Deuxièmement, l'article de James Brandon sur la contre-radicalisation en Grande-Bretagne revient sur la création de la Quilliam Foundation, ce think tank britannique créé par d'anciens extrémistes islamistes du groupes Hizb al-Tahrir. Les créateurs de la fondation veulent offrir une autre vision de l'Islam, dégagée de la violence, en prônant un discours modéré. En temps qu'anciens extrémistes, les membres ont une bonne compréhension des raisons qui poussent à la radicalisation, et donc de meilleures chances de trouver une oreille attentive dans la communauté musulmane.
Bien que la Quilliam Foundation n'est pas financée par le gouvernement britannique (et donc que sa création ne fait partie d'aucune stratégie), il est clair que la Grande Bretagne est très avancée dans sa réflexion sur les moyens de lutter contre la radicalisation islamiste. Pour ce faire, il semble que le gouvernement ait opté pour une stratégie de support aux modérés, comme le témoigne les récentes déclarations de la secrétaire de l'Intérieur, Jacqui Smith, qui a annoncé que l'Angleterre allait inviter 300 imams modérés de l'Asie du sud pour prêcher dans les mosquées britanniques, et contrer ainsi les discours extrémistes.
«Rien n'est plus facile que de dénoncer un malfaiteur; rien n'est plus difficile que de le comprendre»
---Fédor Dostoïevski
jeudi 24 avril 2008
Sentinel: AQIM et Contre-Radicalisation en Grande-Bretagne
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