«Rien n'est plus facile que de dénoncer un malfaiteur; rien n'est plus difficile que de le comprendre» ---Fédor Dostoïevski

mardi 29 avril 2008

Carte des Attaques à Mogadiscio

Je voulais juste partager avec vous cette carte assez incroyable mise en ligne par UNOSAT.



Il s'agit d'une carte des actions menées par les insurgés à Mogadiscio depuis que les forces éthiopiennes et le gouvernement de transition ont repris la capitale somalienne en décembre 2006. La carte offre de très nombreuses données très intéressantes, même s'il faut se méfier de les interpréter hors contexte... Je note cependant l'existence de "poches insurrectionnelles", ainsi que, a contrario, des "poches de sécurité". En outre, on remarque que les cibles comprennent autant de lieux exclusivement "civils", que de lieux "militaires" et "politiques", ce qui confirme une oscillation que j'ai déjà souligné à maintes reprises entre guérilla et terrorisme. On notera enfin, de manière très intéressante, que les camps de réfugiés, indiqués sur la carte, semblent relativement épargnés par les attaques, ce qui va à contresens de nombreuses théories existantes dans la littérature sur le lien entre camps de réfugiés et violences...mais, une fois encore, pas de conclusions hâtives...
Dans tous les cas, voici une carte indispensable pour tous ceux qui s'intéressent à la Somalie.

Lire la suite...

Craintes d'Attentat-Suicide en Allemagne

Les services de sécurité allemands (BKA) ont trouvé une vidéo d'un Allemand converti à l'islam appelant à soutenir le Jihad. Le journal allemand Bild évoque une "vidéo d'adieu" selon laquelle, Eric B., originaire de Neunkirchen (ouest de l'Allemagne), se dirait prêt à commettre un attentat-suicide. Selon le BKA, cependant, aucun indice ne laisse présager un attentat imminent sur le sol allemand.

Lire la suite...

lundi 28 avril 2008

Recrutement Online...Jouez et Engagez-Vous!

Les néonazis recrutent via le jeu vidéo en ligne Battlefield 2, a annoncé la chaîne télévisée belge RTBF. Certains groupes de joueurs invitent des individus à rejoindre leur équipe et proposent ensuite des liens vers différents sites internet d'extrême-droite. Battlefield 2 est un jeu à la première personne, où le joueur avance arme au poing dans un monde en guerre.


Source photo: wikimedia













Le monde des jeux de guerre en ligne offre évidemment un terrain de chasse privilégié pour les recruteurs d'extrême-doite. Le monde des guerres virtuelles regorge de jeunes adolescents isolés, influençables et dangereusement fascinés par les armes à feu et les "tueries virtuelles".

Ce recrutement de l'extrême-droite ne fait que confirmer ce que j'avais déjà souligné précédemment: le monde virtuel constitute un terrain extrêmement hospitalier pour les groupes terroristes. Les jeux en ligne permettent d'atteindre des millions de joueurs à travers le monde, de recruter des individus isolés dans les endroits les plus reculés (ce qui accroît potentiellement la psychose du 'loup solitaire'), et même éventuellement de faire des simulations d'attaque.

Notons au passage que les terroristes ne seraient pas les premiers à recruter via des jeux électroniques... En 2002, l'US Army avait lancé le jeu America's Army, un jeu de guerre en ligne à la première personne. Le jeu compte aujourd'hui plus de 9 millions de joueurs. Mais, en réalité, il s'agit d'un outil de propagande et de recrutement, bien plus que d'un jeu. En effet, le pouvoir du soldat est presque illimité, les ennemis faciles à tuer, les blessures presque toujours superficielles et faciles à guérir. Quant aux dommages collatéraux? Inexistant.

Puisque je vous dis que la prochaine guerre asymétrique aura lieu sur internet!

Lire la suite...

Hassan Muhammed Sabri Al Tabbakh: Un 'Loup Solitaire' en Grande Bretagne

Roderick Jones, du Counterterrorism Blog, porte à notre attention le cas méconnu de Hassan Muhammed Sabri Al Tabbakh, un Syrien de 38 ans arrêté en Grande-Bretagne pour des faits de terrorisme en décembre dernier. Son cas est très intéressant pour au moins quatre raisons:

  1. Tabbakh, qui avait accumulé dans son appartement du matériel chimique et des instructions pour fabriquer une bombe, n'était apparemment lié à aucun groupe ou aucune cellule islamiste britannique. Il s'agirait donc d'un très rare cas de 'loup solitaire' (lone wolf), dans lequel l'individu "s'auto-radicalise" et agit seul. Un scénario terrifiant pour les services de sécurité européens puisque ces individus sont extrêmement difficiles à identifier avant qu'ils aient lancé leur première opération.
  2. A contrario, les éléments qui ont permis à la police britannique d'arrêter Tabbakh serviront de modèle dans le futur, et démontrent qu'il est possible d'identifier les 'loups solitaires'.
  3. L'homme, âgé de 38 ans, ne correspond pas vraiment au "profil typique" du jihadiste. Il sera donc intéressant d'étudier les éléments qui ont poussé à sa radicalisation.
  4. Enfin, la filière syrienne est peu fréquente, voire inexistante en Grande-Bretagne. C'est donc un autre facteur auquel il faudra s'intéresser.

Le procès de Tabbakh devrait commencer le 16 mai. Si le tribunal effectue correctement son travail, on devrait en apprendre davantage sur ce cas un peu unique, et tirer des enseignements utiles et nécessaires pour la communauté du renseignement en Europe.

Lire la suite...

dimanche 27 avril 2008

Revue de Presse (21 - 27 avril 2008)

Belgique: "Les Belges couverts contre le terrorisme" (Le Soir) - Dès le 1er mai, la plupart des contrats d’assurances dont bénéficient les Belges disposeront d’une couverture obligatoire contre les risques liés au terrorisme.

Chine: "Possible attaque d’Al-Qaïda en Chine, prévient Interpol" (Le Soir) - Le secrétaire général d’Interpol, Ronald K. Noble, a déclaré vendredi qu’il fallait se préparer à la possibilité d’une attaque d’Al-Qaïda lors des Jeux olympiques en août à Pékin, selon la copie d’un discours prononcé dans la capitale chinoise et diffusé au siège d’Interpol à Lyon.

Liban: "Fearing a War, Lebanese Prepare by Buying Up Arms" (Washington Post) - Abu Omar, a money changer and father of 11 who lives in Beirut, has bought at least 10 firearms since the beginning of last year. "Everything I can put my hands on and I can afford, I buy. I never sell," he said. "Now is a time for buying arms".

Many Lebanese, increasingly worried about the country's political paralysis devolving into violence, are preparing themselves in the same way. One measure of their anxiety is the price of small arms: An AK-47 that went for $75 to $100 a year ago now costs $600 to $1,000.

Irak
: "Iraqi children recruited for suicide attacks: UN" (Khaleej Times) - Iraqi children are being recruited as suicide bombers by various militias and insurgent groups, a UN official said on Friday after a fact-finding visit to the country.

Afghanistan: "Le président afghan échappe à un attentat à Kaboul" (Le Nouvel Obs.) - Un représentant des talibans a revendiqué les tirs, qui ont fait fuir des centaines de personnes, dont le président Hamid Karzaï, lors d'une cérémonie. Au moins une personne a été tuée et onze autres, dont deux ou trois parlementaires afghans, ont été blessées.

Lire la suite...

Le Hamas Construit des Drones (?)

Le Hamas serait en train d'assembler un ou plusieurs drones bombardiers, en collaboration avec les Frères Musulmans. La révélation aurait été faite par un membre des Frères Musulmans durant une séance d'interrogation par la police égyptienne. Le Hamas a dénié.

Je ne sais pas vraiment quoi faire de cette information...
Si cela se confirme, cependant, il s'agirait d'un incroyable progrès technologique du côté palestinien.

Lire la suite...

samedi 26 avril 2008

Vidéo des Installations Nucléaires en Syrie

Voici la vidéo sur les installations nucléaires syriennes que les services de renseignement américains ont présenté au Congrès. Merci à Zone Militaire pour cette intéressante vidéo.



Online Videos by Veoh.com

Lire la suite...

vendredi 25 avril 2008

Leçon de Vocabulaire pour Contreterroristes

Attention: n'utilisez plus les termes "jihadiste", "jihad", ou "moudjahiddine"! C'est ce qu'un nouveau document interne du gouvernement américain suggère aux membres de l'administration. Selon le Centre National pour Contrer le Terrorisme, l'utilisation de ces termes "légitime involontairement leurs actions". D'un autre côté, l'appellation "Islamo-fasciste" est "offensante pour beaucoup de musulmans". Le rapport demande aussi de ne pas utiliser le terme "caliphat", qui aurait des "implications positives pour al-Qaïda".

Comment faut-il appeler les terroristes? Dites simplement "extrémistes".

L'objectif est d'éviter une assimilation entre Islam et terrorisme. Objectif louable en soi. Cependant, qui pourrait penser à un terme plus vague que "extrémistes"? En outre, la nouvelle "guerre contre l'extrémisme" s'avère encore bien plus laborieuse que la "guerre contre le terrorisme". En effet, quelles que soient les définitions choisies, il y a bien plus d'extrémistes que de terroristes.

Le choix des mots est important en temps de guerre. Encore faut-il choisir les bons mots. A mon sens, il n'existe pas de meilleures stratégie que celle de décrire un ennemi pour ce qu'il est réellement. L'utilisation d'un terme aussi vague qu' "extrémisme" ne va pas aider à différencier entre les différentes formes de terrorisme. Au contraire, du côté américain, la caractérisation de plus en plus floue de l'ennemi risque de nuire à la capacité contreterroriste.

Notons que ce n'est pas la première fois que les agences fédérales américaines sont priées de "surveiller leur langage" dans un but stratégique.

Lire la suite...

Zawahiri Répond aux Questions des Internautes (Extraits de la Deuxième Partie)

J'avais synthétisé la première partie des réponses d'al-Zawahiri aux questions posées via internet dans un billet précédent. La deuxième partie devrait bientôt être disponible. En attendant, la MEMRI Foundation a déjà mis un court extrait en ligne. Voici juste le paragraphe le plus important:

"We are [currently] preoccupied with attacking the interests of the Americans, the Crusaders and the Jews. [However,] the collaborating regimes [i.e., the Arab regimes] should be [a target of] attacks by the mujahideen because they protect the Crusader-Jewish interests. Did they not assist the Crusaders with military bases and with supplies... so they could kill Muslims in Afghanistan and Iraq...? Do these regimes, through their apparatuses and fatwas, not prevent [Muslims] from fighting the Jews and Crusaders?"

Lire la suite...

jeudi 24 avril 2008

Sentinel: AQIM et Contre-Radicalisation en Grande-Bretagne

Le dernier numéro du Sentinel, le mensuel du Combating Terrorism Center (West Point), est sorti il y a quelques jours. L'occasion pour moi de recommander une fois encore la lecture de cet excellent journal.

Il y a plusieurs articles très intéressants, mais je ne vais pas tous les résumer ici. Je vais juste parler rapidement de deux articles qui ont retenu mon attention.

Premièrement, l'article d'Andrew Black sur l'évolution d'al-Qaïda au Maghreb (AQIM, ancien GSPC). Dans cet article, l'auteur compare l'importance des objectifs locaux du groupe par rapport à ses ambitions globales, sur base d'une étude statistique de l'ensemble des déclarations du groupe entre mars 2005 et mars 2008. Il découvre que avant que le GSPC ne devienne al-Qaïda en 2006, il faisait référence à des objectifs locaux (Algérie) cinq fois plus qu'à des objectifs globaux (Occident, Israël). Après 2006, le déséquilibre diminue de moitié en faveur des objectifs globaux. Finalement, en septembre 2007, AQIM ne faisait référence à ses ambitions algériennes que deux fois plus par rapport à son jihad global.

Cela signifie que, quelques soient les raisons qui ont poussé le GSPC à rejoindre al-Qaïda, le fait d'appartenir à al-Qaïda influence les objectifs du groupe. On pourrait presque parler de "pressions organisationnelles".

Deuxièmement, l'article de James Brandon sur la contre-radicalisation en Grande-Bretagne revient sur la création de la Quilliam Foundation, ce think tank britannique créé par d'anciens extrémistes islamistes du groupes Hizb al-Tahrir. Les créateurs de la fondation veulent offrir une autre vision de l'Islam, dégagée de la violence, en prônant un discours modéré. En temps qu'anciens extrémistes, les membres ont une bonne compréhension des raisons qui poussent à la radicalisation, et donc de meilleures chances de trouver une oreille attentive dans la communauté musulmane.

Bien que la Quilliam Foundation n'est pas financée par le gouvernement britannique (et donc que sa création ne fait partie d'aucune stratégie), il est clair que la Grande Bretagne est très avancée dans sa réflexion sur les moyens de lutter contre la radicalisation islamiste. Pour ce faire, il semble que le gouvernement ait opté pour une stratégie de support aux modérés, comme le témoigne les récentes déclarations de la secrétaire de l'Intérieur, Jacqui Smith, qui a annoncé que l'Angleterre allait inviter 300 imams modérés de l'Asie du sud pour prêcher dans les mosquées britanniques, et contrer ainsi les discours extrémistes.

Lire la suite...

mardi 22 avril 2008

Menace Jihadiste Croissante aux Pays-Bas

Le directeur des services de renseignement néerlandais (AIVD) a annoncé que la menace jihadiste est croissante aux Pays-Bas, à l'occasion de la publication du rapport annuel de l'AIVD (disponible ici pour ceux qui lisent le néerlandais). Gerard Bouman identifie deux raisons pour l'accroissement de la menace: la diffusion du film islamophobe "Fitna" de Geert Wilders; et l'évolution de la situation en Afghanistan et au Pakistan qui est favorable à la prolifération du terrorisme et qui pourrait se retourner contre les Pays-Bas étant donné l'engagement croissant du pays au sein de des forces de l'OTAN.

Le rapport souligne ce que j'ai déjà souligné de nombreuses fois dans ce blog et dans d'autres articles: la sécurité européenne dépend de décisions prises en interne (sécurité intérieure) et en externe (évolution de la situation en Afghanistan et au Pakistan).

Lire la suite...

Les Enfants du Jihad

J'ai déjà parlé dans des articles précédents de l'endoctrination et de la socialisation des enfants par les groupes terroristes (entre autres, ici ou ici). C'est un sujet qui reste au demeurant peu étudié, d'ailleurs. Laissez-moi donc partager avec vous encore deux vidéos sur lesquelles je suis tombé récemment.

La première vidéo, est mise en ligne sur le site de Laura Mansfield, qui offre par la même occasion une traduction anglaise du dialogue entre le caméraman et l'enfant au vélo. La scène qui apparaît révoltante à nos yeux, souligne cependant l'importance de la socialisation dès le plus jeune âge. Selon Laura Mansfield, la scène se passe dans un état du Golfe, peut-être en Arabie Saoudite.



Voici la traduction en français:
Caméraman à l'enfant (plusieurs fois): "Mohamed de l'organisation al-Qaïda"
L'enfant au vélo fait demi-tour et s'approche.
Le caméraman et l'enfant se saluent poliment.
Caméraman: "Quel est ton nom?"
Enfant: "Mohamed"
Caméraman: "De quel groupe es-tu membre?"
Enfant: "Al-Qaïda"
Le caméraman répète la question, et l'enfant répète à nouveau.
Caméraman: "Que signifie l'inscription sur ton vélo?"
Enfant: "Jihad"
Caméraman: Qui est ton émir?"
Enfant: "Osama Ben Laden"
Caméraman: "Qu'Allah te protège, paix et salutations aux moudjahidinnes"
L'enfant fait signe à la caméra et s'éloigne.

La NEFA Foundation a récemment mis en ligne une autre vidéo très intéressante, montrant l'entraînement de jihadistes membres du groupe ouzbek Union du Jihad Islamique (UJI ou IJU en anglais). Ce groupe est très important, notamment parce qu'il semble que ce soit dans leurs camps pakistanais que plusieurs jihadistes allemands se sont entraînés. Mais dans cette vidéo disponible ici, on assiste également à un entraînement spécifique de jeunes enfants qui tirent à l'arme automatique.

Enfin, toujours dans le sujet des enfants à la guerre, mentionnons que le dernier numéro de Air & Space Power Journal est dédié aux enfants-soldats.

Lire la suite...

Le Hamas et les Frères Musulmans en Belgique

Un rapport publié par la NEFA Foundation la semaine dernière affirme avoir mis à jour « une infrastructure belge des Frères Musulmans plus élaborée que ce qui était connu précédemment ». Il ne s’agit pas là d’une petite affirmation, et je me suis donc attelé avec attention à la lecture du document…pour réaliser que l’affirmation est exagérée. Le rapport reste intéressant, néanmoins, parce qu’il souligne quelques points importants de la stratégie contre-terroriste belge.

Les Frères Musulmans ont été présents en Europe depuis les années 1960. En Allemagne d’abord, avant de s’étendre à l’ensemble de l’Europe. « La Belgique est devenu un important centre pour les Frères Musulmans en Europe », affirme la NEFA.

Trois raisons expliquent la présence des Frères Musulmans en Belgique, selon la NEFA : une importante concentration de musulmans (puisque les Frères sont orientés vers la prêche et la conversion) ; la présence d’institutions européennes (pour le lobbying) ; et le fait que la Belgique est le dernier pays européen à ne pas avoir condamné la branche locale du Hamas palestinien. C’est précisément ce dernier point qui est, selon moi, le plus intéressant et sur lequel je vais un peu m’attarder. En effet, une grande partie du rapport tente (sur base de beaucoup de suppositions) de reconstituer le réseau des Frères Musulmans en Belgique. Mais les seuls organes et individus mis à jour par la NEFA semblent tout ce qu’il y a de plus commun, d’autant plus que certaines de ces organisations ont reçu un statut officiel des Nations Unies, de la Commission européenne et du Conseil de l’Europe. Le deuxième point, le lobbying, fait partie du jeu démocratique également, et donc est largement positif.

La branche belge du Hamas, Al-Aqsa Humanitaire (à différencier des brigades des martyres d’al-Aqsa), a été créée en septembre 1993. Elle avait des liens avec les branches établies plus tôt en Allemagne et aux Pays-Bas. Le but de l’organisation était de lever des fonds pour supporter les actions humanitaires en Palestine. Cependant, peu à peu, des voix s’élèvent dans différents pays contre les organisations liées au Hamas, accusées de supporter les actions politiques et terroristes du Hamas, et non les actions humanitaires. En 1998, un rapport allemand dit que la branche allemande d’al-Aqsa « via les dons humanitaires en Palestine supporte les objectifs du Hamas, indirectement mais efficacement ». Après le début de la seconde intifada et surtout après le 11 septembre, les pressions allemandes sur al-Aqsa s’accroissent et se confirment en 2002 avec l’interdiction d’al-Aqsa en Allemagne et l’annonce par le ministre de l’Intérieur que les fonds d’al-Aqsa servaient à rémunérer les familles des terroristes kamikazes.

Al-Aqsa aux Pays-Bas a été banni en 2003. En mai 2003, les gouvernements américains et britanniques désignent la fondation al-Aqsa, y compris la branche belge, comme organisation terroriste. En octobre 2004, le Département américain du Trésor déclarait que la branche belge d’al-Aqsa était liée à l’Islamic African Relief Agency, une organisation accusée de financer al-Qaïda et le terrorisme palestinien. En décembre 2004, un nouveau rapport d’une Cour allemande souligne que al-Aqsa, y compris la branche belge, finance le terrorisme palestinien, via un fond britannique. Et pourtant, à ce jour, la Belgique n’a toujours pas interdit al-Aqsa, ce qui permet au groupe de poursuivre ses activités au grand jour.

En 2006/2006, Al-Aqsa Humanitaire a changé de nom pour AKSAHU. Selon les autorités belges, c’était pour éviter la confusion avec les brigades des martyres d’al-Aqsa. Selon la NEFA, cela serait dû à des difficultés croissantes de transfert de fonds à cause de la surveillance américaine accrue. AKSAHU a un bureau à Molenbeek, et un autre à Verviers.

En conclusion, le rapport de la NEFA pose une question à laquelle il faut une réponse claire : Pourquoi la Belgique n’a-t-elle pas pris des mesures contre al-Aqsa, alors que d’autres pays l’ont fait ? Il me semble qu’une enquête poussée sur le groupe, ses agissements, et ses mouvements financiers serait de rigueur.

La Belgique a souvent montré une position relativement modérée vis-à-vis du Hamas palestinien, avec une certaine réticence à considérer le groupe comme mouvement terroriste. Est-ce là la raison du manque d’action contre al-Aqsa ? Le groupe n’a-t-il vraiment aucun lien avec le terrorisme ? Il est temps d’avoir des réponses claires. Car il serait mal vu pour la Belgique, qui se défend haut et fort d’être une plaque tournante du terrorisme en Europe, d’être reconnue coupable d’un manque d’action dans la lutte contre le terrorisme.

Lire la suite...

dimanche 20 avril 2008

Revue de Presse ( 14 - 20 avril 2008)

Irak : "Irak: Maliki promet de "vaincre le terrorisme" et met en garde l'Iran" (Romandie News) - Le Premier ministre irakien Nouri al-Maliki s'est dit déterminé mercredi à vaincre le terrorisme au lendemain d'une vague d'attentats particulièrement sanglante, et a lancé une mise en garde implicite à l'Iran, soupçonné de soutenir des groupes extrémistes dans le pays.

États-Unis : "Washington manque de plan cohérent pour combattre le terrorisme" (AFP) - Plus de six ans après les attentats du 11 septembre 2001, les États-Unis ne disposent toujours pas d'un plan cohérent pour éliminer la menace terroriste, selon un rapport de la cour des comptes américaine (GAO) publié jeudi.

Irak : "Pour Zawahiri, l'Irak va devenir "la forteresse de l'islam"" (AFP) - Le numéro deux du réseau terroriste Al-Quaïda, Ayman Al-Zawahiri, estime que l'Irak deviendra "très bientôt la forteresse de l'islam", dans un message audio diffusé à l'occasion du 5e anniversaire de l'invasion américaine de l'Irak.

Grande-Bretagne : "Smith invites moderate imams into UK to help Muslim communities fight extremism" (The Guardian) - Moderate imams are to be invited to Britain from south Asia by the home secretary, Jacqui Smith, to help Muslim communities counter the threat of violent extremism, following talks she held in Pakistan and Bangladesh last week.

Terrorisme : "Since 2001, a Dramatic Increase in Suicide Bombings" (Washington Post) - Suicide bombers conducted 658 attacks around the world last year, including 542 in U.S.-occupied Afghanistan and Iraq, according to data compiled by U.S. government experts.

Union européenne : "Europol va devenir une agence de l'UE" (Le Figaro) - L'Office européen de police Europol va devenir en 2010 une agence de l'Union européenne financée sur le budget de l'UE pour mener à bien ses activités de lutte contre le terrorisme et le crime organisé, a annoncé aujourd'hui à Luxembourg la Commission européenne.

Union européenne : "L'UE veut mieux lutter contre le terrorisme" (Journal Chrétien) - Lors de la réunion du Conseil de l’UE « justice et affaires intérieures », présidée aujourd’hui à Luxembourg par M. Lovro Šturm, les ministres de la justice sont parvenus à un accord sur le texte de la proposition de modification de la décision-cadre de 2002 sur la lutte contre le terrorisme. La proposition introduit de nouvelles infractions, notamment l’incitation publique à commettre des infractions terroristes, le recrutement et l’entraînement pour le terrorisme. La proposition renforcera l’efficacité de la lutte contre le terrorisme mondial tout en garantissant la liberté, la sécurité et le droit.

Lire la suite...

vendredi 18 avril 2008

Etats-Unis à la Recherche de Cohérence au Pakistan (UPDATED)

Un rapport du Government Accountability Office (GAO), l'administration en charge de la surveillance des agissements de l'exécutif américain, affirme que les Etats-Unis manquent d'une "politique cohérente" au Pakistan. Selon le GAO, seul un tel plan pourrait mettre un terme à la menace terroriste dans les zones tribales.

UPDATE: Le rapport est téléchargeable ici.

Lire la suite...

jeudi 17 avril 2008

Profil des Jihadistes en Irak et en Afghanistan

Dans un court article paru dans le Small Wars Journal, Clinton Watts examine le profil des combattants étrangers en Irak et en Afghanistan, sur base de documents obtenus en Irak (publiés par le Combating Terrorism Center) et de témoignages de détenus à Guantanamo. Bien que je sois pas entièrement d'accord avec ses recommendations et que j'aie quelques interrogations concernant sa méthodologie, je trouve le profil qu'il dresse très intéressant (surtout parce que cela tient en quelques lignes). Il faut être conscient que ce profil se limite aux combattants en Irak et en Afghanistan, et n'est en rien une indication de ce qui se passe ailleurs comme voudrais le suggérer Watts. Concrètement, donc, le jihadiste en Irak et en Afghanistan est:

  • Un jeune homme qui vient de quelques grandes villes d'Afrique du Nord et du Moyen Orient. Il vient essentiellement de pays pauvres et peu démocratiques.
  • Le Jihadiste n'a pas été recruté par internet ou par l'organisation centrale d'al-Qaïda, mais plutôt par des anciens combattants, de retour de mission, et des religieux locaux.
  • Le Jihadiste est généralement sans emploi, ou étudiant, ou simple travailleur (bon ici, les critères de Watts incluent un peu tout le monde).
  • Le Jihadiste n'est pas spécialement pauvre, mais il a du temps libre, ce qui permet sa radicalisation.
  • Si le Jihadiste a déjà une expérience du combat, il rejoindra la guérilla. Sinon, il deviendra kamikaze (cette dernière remarque est assez intéressante, car je n'avais jamais vraiment lu une affirmation aussi directe...donc je me méfie aussi naturellement mais cela vaut la peine d'y penser).

Comme je l'ai dit, la description de Watts est sujette à caution. En outre, elle ne m'apparaît qu'à moitié utile, étant donné que cette description inclut grosso modo la majorité de la population du Maghreb et du Moyens Orient (ce qui est en général le cas de toutes les études de profils de terroristes, ce qui démontre simplement que ce sont des individus "comme les autres"). Enfin, au niveau méthodologique, Watts ne reprend pas l'entièreté des données du CTC mais, surtout, il reprend de manière extrêmement surprenante, les données des 19 terroristes du 11 septembre (je ne sais pas pourquoi...).

Bref, je trouve les études de profil toujours intéressantes, et celle-ci souligne quelques points intéressants, mais elle est vouée à être oubliée rapidement.

Lire la suite...

La Police Lève le Voile sur le Monde Parallèle d'Al-Qaïda en Turquie

Encore un nouvel article publié dans Terrorism Focus rien que pour vous. Le sujet: al-Qaïda en Turquie. Bien que je sois spécialisé à la base sur le terrorisme en Europe, la Jamestown Foundation m'a demandé de porter un oeil attentif sur la Turquie, en outre de l'Europe que je couvre déjà pour eux (ainsi que de nombreux autres chercheurs bien plus qualifiés que moi...). Comme d'habitude, je copie ici l'article dont le lien permanent est ici.

Police Raids Uncover al-Qaeda’s Parallel World in Turkey

By Thomas Renard

Al-Qaeda is taking roots in Turkey, as indicated by recent police crackdowns and the discovery of a parallel jihadi society in Istanbul. In a two-day operation, Turkish police forces arrested 43 alleged members of al-Qaeda. On April 1, police forces launched four simultaneous raids in four different provinces—Istanbul, Hatay, Gaziantep and Konya. The operation resulted in the arrest of 35 individuals, including the leader of al-Qaeda in Turkey (Sabah, April 2). One day later, 300 security forces, including police forces and Special Forces, launched another raid which resulted in the arrest of 18 individuals. This latter cell had been under surveillance for eight months (Today’s Zaman, April 2). Twenty-four suspects have been indicted by a Turkish court on charges of planning bombings and belonging to a terrorist organization (Southeast European Times, April 8).

During the raids, police forces also seized jihadi material, such as documents and CDs giving instructions for military training, encoded conversations with jihadi groups abroad, attack plans and material related to bomb-making. The cell dismantled on April 2 was specialized in explosives, according to the police (Today’s Zaman, April 2).

The most shocking discovery, however, was not found in the computers of the alleged terrorists, but in the organization’s structure. Indeed, after several months of tight surveillance, the Turkish intelligence uncovered the existence of a parallel jihadi society. First, they discovered an entire underground educational system, developed by Turkish members of al-Qaeda who do not recognize the regime and its secular school system. Children of jihadi militants were not allowed to frequent public schools and received, instead, private Islamic education. Teachers even issued report cards to the children. Second, Turkish forces also discovered a network of clandestine mosques in the Bayrampasa and Bagcilar districts of Istanbul, which were used for jihadi training. Finally, the Istanbul cell also appeared to reject Turkey's legal system and had therefore established its own Islamic legal system (Today’s Zaman, April 4).

The existence of well-developed educational, legal and religious networks seems to indicate a resurgence of al-Qaeda in Turkey. Indeed, according to the police, al-Qaeda cells that perpetrated the infamous 2003 bombings have been reconstituted. On November 15, 2003, two trucks exploded close to two synagogues in Istanbul, killing 27 people. Five days later, two more trucks targeted a HSBC bank and the British consulate, killing 30. In both cases, most victims were Muslim Turks.

The discovery of a parallel jihadi society also sheds some light on the indoctrination and socialization strategies used by al-Qaeda. This underscores the growing threat of home-grown jihadi terrorism within Turkey.

Although al-Qaeda has taken roots in Turkey, it is still largely influenced by “foreigners.” Many of the Turkish members of al-Qaeda received their jihadi training in so-called “jihadi regions,” which include Pakistan, Afghanistan and Iraq. After receiving their training in jihadi camps, terrorists head back to Turkey in order to carry out their mission or raise financial support. Stories of Turkish individuals joining the fight in Iraq are also not rare (AP, June 27, 2007). This mix of home-grown terrorism with foreign influence—which ranges from training, to radicalization, and eventually to attack-planning—is very similar to what is observed in Western Europe.

On April 3, Pakistani forces arrested four Turks in Balochistan. “They are between the age of 30 and 35 and were carrying identity cards showing them as Afghan refugees,” said a Turkish intelligence official. Explosives, some 1,400 rounds of ammunition, and a laptop containing jihadi material were found on the suspects (Arab Times [Kuwait], April 4; Reuters, April 5). Similar arrests have been made in the past; in June 2006, four Turks were arrested while crossing from Balochistan to Waziristan and accused of ties to the Taliban and/or al-Qaeda (Pajhwok Afghan News, June 23, 2006).

The two-day operation launched by Turkish police earlier this month was the second large-scale crackdown on al-Qaeda in Turkey this year. In January, Turkish forces arrested 25 members of al-Qaeda in Gaziantep and Kahramanmaras. Four militants and one policeman died during the clashes. The group was suspected of plotting “sensational” attacks against Turkish “strategic interests” and also against U.S. and Israeli interests (see Terrorism Focus, February 5). It is believed that other al-Qaeda terrorists were planning attacks to avenge the death of their fellows in the January raids (Sabah, April 2).

The arrests earlier this month are related to the April 2-4 NATO summit in Bucharest. Turkish intelligence feared that al-Qaeda could plot an attack in the event of a Turkish decision to expand their International Security Assistance Force (ISAF) contingent in Afghanistan. However, during the NATO summit Turkey did not commit to sending any further troops, despite U.S. pressure to do so. Although it is probable that the government was aware of the terrorist threat, it is not possible to say with certainty whether this knowledge had any impact on Turkey’s decision. Most likely, the decision was motivated by other factors. Diplomatically, Ankara wanted to send a message of dissatisfaction to the United States regarding some of the latest NATO developments, such as the missile shield which leaves Turkey unprotected. Militarily, the priority is the struggle against PKK activities in the southeastern part of the country.

Currently, Turkey has approximately 750 soldiers in Afghanistan. For NATO, the presence of Turkish troops is essential given that it is the only Muslim country within the alliance. Turkey offers the legitimacy needed by NATO to avoid the criticism of organizing a “Christian crusade.” However, Turkey recently expressed its discontent toward NATO after a request for Ankara to send its troops to the more dangerous southern regions of Afghanistan became public (Milliyet, March 20). If Ankara is not willing to send more troops, it could still increase its commitment in Afghanistan. For instance, a dozen military advisers are currently participating in the Operational Mentor and Liaison Team (OMLT) program, and there are plans to increase this contribution (Turkish Daily News, April 2). The OMLT program aims to develop the Afghan National Army (ANA). OMLTs are embedded in ANA battalions providing training and mentoring to support ANA units' operational deployments.

Like most European countries, Turkey recognizes the strategic importance of Afghanistan and Pakistan in the so-called “war on terror.” As mentioned previously, most Turkish jihadi terrorists receive their training either in Pakistan or Afghanistan. Therefore, Turkey’s security depends upon the evolution of the situation within these countries. Yet, like European countries, Ankara refuses to send more troops.

The difference between European countries and Turkey, however, is that the Turkish government does not seem to see al-Qaeda as the main threat to its security (see Terrorism Focus, January 15). The Turkish government considers itself fully part of the “global war on terror,” but it identifies the PKK as the main threat to its domestic security. Indeed, contrary to the reactions after the London or the Madrid bombings, most Turks interpreted the Istanbul bombings as attacks against Israel and Great Britain, not as attacks against Turkey. Moreover, at a time of strong criticism from the moderate Muslim majority concerning growing Islamization of the country, the Islamic ruling party of Prime Minister Recep Tayyip Erdogan is likely to voluntarily diminish the threat of Islamism.

The threat of home-grown jihadi terrorism is growing in Turkey. Nevertheless, despite the two recent police operations, the government seems unwilling to take a strong stance against Islamist terrorism for political, diplomatic and military reasons. This could be a strategic mistake. If al-Qaeda takes roots in Turkey, it could not only affect Turkey’s security, but also endanger Ankara’s candidacy to the European Union.

Lire la suite...

mardi 15 avril 2008

Attaque Kurde en Iran?

L'organisation kurde Party for a Free Life in Kurdistan (PJAK), une branche du groupe terroriste kurde PKK active en Iran, menace de lancer une offensive contre l'Iran, annonce l'AFP. Selon un membre du PJAK, les Kurdes ne peuvent plus supporter la suppression iranienne. "Nous avons les moyens de confronter l'Iran à l'intérieur de Téhéran", a-t-il déclaré. Il a également annoncé que le PJAK avait mené une offensive récemment, tuant plusieurs soldats iraniens.

Cette annonce intervient alors que l'Iran se demande si l'explosion qui a eu lieu dans une mosquée à Shiraz, tuant 11 personnes et blessant près de 200 autres, était un accident ou l'oeuvre de terroristes.

Le leader du PJAK, Abdul Rahman Haji Ahmadi, est Allemand. Il coordonne les activités kurdes depuis son appartement de Cologne. Ce qui, évidemment, déplaît fortement aux Iraniens, qui avaient envoyé une note à l'ambassadeur allemand en juillet dernier. Les services de renseignement commencent également à suivre ce groupe, inconnu des Allemands jusque récemment, de près. Les renseignements domestiques (BfV) disent que le groupe ne présente pas une menace pour la sécurité nationale. Néanmoins, si le groupe est classifié comme "terroriste", des mesure légales pourraient être entamées pour le banir.

Le casse-tête du PJAK ne fait que commencer pour Angela Merkel. En effet, il est probable que les Américains soient proches du groupe kurde (dans l'éventualité d'une déstabilisation de l'Iran). Les services de renseignement allemands (BND) ont également des contacts avec le groupe. Cependant, l'Allemagne craint qu'un ressortissant kurde-allemand soit un jour arrêté par l'Iran, ce qui pourrait provoquer une crise diplomatique assez importante.

Lire la suite...

lundi 14 avril 2008

Terrorisme et Cyberterrorisme dans les Mondes Virtuels: Update

En lien avec l'article d'hier sur le terrorisme dans les mondes virtuels, voici un autre rapport publié par le Congressional Research Service.

Lire la suite...

Mourir pour des Idées

Aujourd'hui, entre deux lectures, j'écoutais un peu de musique, aux bonnes grâces de ce que le lecteur de mon ordinateur voulait bien jouer...du coup j'ai réentendu "Mourir pour des Idées" de Brassens...quelle génie tout de même. Juste pour le plaisir, et parce que c'est tellement vrai, un extrait des paroles:

(...)
Les saint jean bouche d'or qui prêchent le martyre
Le plus souvent, d'ailleurs, s'attardent ici-bas
Mourir pour des idées, c'est le cas de le dire
C'est leur raison de vivre, ils ne s'en privent pas
Dans presque tous les camps on en voit qui supplantent
Bientôt Mathusalem dans la longévité
J'en conclus qu'ils doivent se dire, en aparté
"Mourrons pour des idées, d'accord, mais de mort lente
D'accord, mais de mort lente"

Des idées réclamant le fameux sacrifice
Les sectes de tout poil en offrent des séquelles
Et la question se pose aux victimes novices
Mourir pour des idées, c'est bien beau mais lesquelles ?
Et comme toutes sont entre elles ressemblantes
Quand il les voit venir, avec leur gros drapeau
Le sage, en hésitant, tourne autour du tombeau
Mourrons pour des idées, d'accord, mais de mort lente
D'accord, mais de mort lente

Encor s'il suffisait de quelques hécatombes
Pour qu'enfin tout changeât, qu'enfin tout s'arrangeât
Depuis tant de "grands soirs" que tant de têtes tombent
Au paradis sur terre on y serait déjà
Mais l'âge d'or sans cesse est remis aux calendes
Les dieux ont toujours soif, n'en ont jamais assez
Et c'est la mort, la mort toujours recommencée
Mourrons pour des idées, d'accord, mais de mort lente
D'accord, mais de mort lente

(...)

Lire la suite...

dimanche 13 avril 2008

Terrorisme et Cyberterrorisme dans les Mondes Virtuels

Le terrorisme de demain sera cyber ou ne sera pas. Du moins, c'est ce que pensent certains spécialistes, notamment au sein du gouvernement américain. Un rapport de l'Intelligence Advanced Research Projects Activity (IARPA) - une agence gouvernementale américaine tout juste créée et spécialisée dans la très haute technologie de communication, équivalent de la DARPA militaire pour les services de renseignement - daté du 29 novembre 2007, mais déclassifié récemment, avertit des dangers potentiels de l'utilisation de mondes virtuels par des terroristes.

Ces "mondes virtuels" dont parle le rapport de la IARPA, ce ne sont pas de simples jeux informatiques en ligne, mais de véritables mondes parallèles où se cotoient des millions d'individus. Le jeu Second Life, par exemple, permet à chacun de vivre une deuxième vie, comme l'indique le titre, avec une plus belle femme (virtuelle mais pourtant réelle également puisqu'un individu se trouve à l'autre bout de l'ordinateur), une plus grande maison et une voiture plus rapide. D'autres exemples de "mondes virtuels": World of Warcraft, The Sims Online, ou encore Active Worlds.

Quels sont les risques terroristes dans ces "mondes virtuels"? Le rapport de la IARPA en identifie 5:

  1. Communications Secrètes: L'un des enjeux majeurs pour les groupes terroristes est la communication et la coordination, qu'elle soit locale ou globale. En outre, ces communications doivent demeurer secrètes. Les mondes virtuels, peu surveillés et largement ignorés, offrent potentiellement une formidable plateforme de communication aux groupes terroristes.
  2. Entraînement: Le carcatère de plus en plus réel des mondes virtuels, ainsi que leur caractère modulable (la possibilité de créer des environnements spécifiques) permet aisément aux terroristes de simuler une attaque (avant de la mettre en oeuvre dans le monde réel), et de développer de nouvelles stratégies.
  3. Transfert/Blanchiment d'Argent: Il est désormais possible pour des groupes terroristes de tranférer des fonds de manière virtuelle et de les convertir ensuite, au besoin, en argent réel. En effet, les mondes virtuels sont caractérisés par une économie virtuelle en interaction avec l'économie réelle. Dans Second Life, par exemple, un Linden dollar (la monnaie virtuelle) est échangeable à un taux variable contre des vrais dollars. Chaque mois, les transactions entre chaque joueurs se comptent en plusieurs millions de dollars.
  4. Cyberattaques: Via le monde virtuel, les terroristes peuvent lancer des attaques et mettre hors service plusieurs services informatiques. Il est également possible de pénétrer certains systèmes pour voler des informations confidentielles.
  5. Guerre Informationnelle: Les terroristes peuvent faire circuler leur propagande et recruter de nouveau membres dans un univers qui ressemble encore largement au "wild west", selon la IARPA.

Selon un expert cité dans le Washington Post, les mondes virtuels pourraient devenir le prochain "champs de bataille" entre terroristes et services de renseignement. La communauté américaine du renseignement a déjà commencé à réfléchir au développement de nouvelles "cyberarmes" qui pourraient être utilisées contre les terroristes (cyber ou non). Ces armes seront testées dans les "mondes virtuels". D'ici peu, des stratégies de cyberguerre seront sans doute mises au point.

"Qu'est-il possible de faire dans le monde virtuel, qui ne l'est pas dans le monde réel?", demande la IARPA en conclusion de son rapport. "La communauté du renseignement a besoin de créer plusieurs équipes spécialisées pour évaluer tous les scénarios possibles".

De plus en plus, les mondes virtuels deviennent indissociables du monde réel. L'économie virtuelle de Second Life est bien réelle. Les grandes compagnies se sont installées dans le monde virtuel, les candidats à la présidence américaine font campagne sur Second Life, et la CIA a ouvert un bureau virtuel dans le jeu réservé à ses agents. Dès lors, pourquoi les terroristes - qui ont déjà démontré leurs capacités technologiques - ne profiteraient-ils pas, comme les autres, des avantages du système?

NOTE: Dans un article précédent, j'avais déjà mentionnée le rôle du site de partage de vidéo YouTube dans la "guerre contre le terrorisme".

Lire la suite...

Nouvelle Rubrique: Revues de Presse

Comme annoncé, Le Front Asymétrique lance sa revue de presse qui sera publiée tous les dimanche soir (heure de Washington DC) pour être accessible le lundi matin. La revue de presse n'a pas l'intention de couvrir l'entièreté des événements liés aux menaces asymétriques (d'autres individus rémunérés font cela). Il s'agit plutôt de rappeler les grands faits de la semaine, et éventuellement quelques articles qui auraient pu échapper même à l'attention des lecteurs les plus attentifs. Pour rédiger la revue de presse, Le Front Asymétrique a recruté du sang frais. La rubrique sera rédigée par mon amie, Nathalie Bastin.

Nathalie Bastin est une analyste free-lance dans les domaines stratégiques et sécuritaires aux États-Unis.Nathalie Bastin a travaillé stagiaire au United Nations Regional Information Centre for Western Europe à Bruxelles, dans le Département des Affaires politiques de l’Ambassade de Belgique à Canberra en Australie ainsi qu’au sein du Ministère de la Défense SGRS/CI, à Bruxelles.Nathalie Bastin a une Licence en Journalisme et un Master en Relations Internationales de l'Université Catholique de Louvain en Belgique et elle possède également un diplôme de Photographie des Beaux-arts.

Bonne lecture.

Lire la suite...

Revue de Presse (7 - 13 avril 2008)

Belgique : "Hausse des arrestations" (La Libre Belgique) - Interrogé lundi devant le Parlement européen, le coordinateur européen pour la lutte anti-terroriste, le Belge Gilles de Kerchove, a de son côté mis en garde contre la montée en puissance de la menace terroriste en provenance d'Afrique du Nord envers l'Union européenne.

Russie : "Terrorisme: les ONG étrangères jouent le rôle de recruteurs en Russie (directeur du FSB)" (RIA Novosti) - Les réseaux terroristes internationaux recrutent leurs agents en Russie à l'aide d'organisations non gouvernementales étrangères, a déclaré le directeur du Service fédéral de sécurité (FSB) Nikolaï Patrouchev.

États-Unis/ Jordanie : "La CIA a envoyé des détenus soupçonnés de terrorisme en Jordanie" (Le Monde) - La CIA a secrètement envoyé au moins 14 détenus soupçonnés de terrorisme en Jordanie entre 2001 et 2004, faisant de ce pays le numéro un du "transfèrement" de prisonniers à cette époque, a indiqué mardi l'ONG Human Rights Watch (HRW) dans un rapport.

Iran : "Hizbollah turns to Iran for new weapons to wage war on Israel" (The Independent) - Up to 300 men are taken to Beirut en route to Tehran each month and the operation has been running since November of 2006; in all, as many as 4,500 Hizbollah members have been sent for three-month sessions of live-fire ammunition and rocket exercises to create a nucleus of Iranian-trained guerrillas for the "next" Israeli-Hizbollah war.

Suisse : "La Suisse accusée de financer le terrorisme en commerçant avec l'Iran" (The Associated Press) - Après le Congrès juif mondial, l'organisation juive américaine Anti-Defamation League (ADL) attaque à son tour la Suisse et la ministre des Affaires étrangères Micheline Calmy-Rey au sujet du contrat gazier conclu avec l'Iran. Dans une campagne de presse lancée aux États-Unis et en Suisse, l'ADL accuse la Suisse de financer le terrorisme mondial. Le DFAE juge ces critiques infondées et la communauté juive de Suisse s'est distanciée de cette campagne.

Irak : "Un leader chiite assassiné à Najaf" (La Libre Belgique) - L'un des principaux leaders du mouvement radical chiite de Moqtada Sadr a été assassiné vendredi à Najaf (centre-sud), risquant de relancer les violences entre militaires américains, alliés aux forces gouvernementales irakiennes, et miliciens sadristes.

Yemen : "Après les Américains, les Canadiens sont la cible du terrorisme au Yémen" (MediArabe) - Après l’évacuation des familles des employés diplomatiques et consulaires américains du Yémen, à la suite de plusieurs attentats et attaques revendiquées par Al-Qaïda contre les intérêts des États-Unis, une société canadienne semble avoir été visée la nuit dernière, par une explosion à Sanaa.

Iran : "Shiraz: Accident ou attentat?" (Le Journal du Dimanche) - Au lendemain de la terrible explosion qui a coûté la vie à douze personnes samedi soir dans une mosquée de Shiraz (sud de l'Iran), les interrogations demeurent. S'agit-il d'un attentat, comme annoncé rapidement? Ou bien d'un tragique accident, comme le soutiennent les autorités? Pour l'heure, les informations manquent. Sur les lieux du drame, les secours s'organisent.

Pékin : "9 monks accused of bombing Tibet building" (Associated Press) - China has arrested nine Buddhist monks and accused them of planting a homemade bomb in a government office building in Tibet last month, the official Xinhua News Agency said Saturday.

Lire la suite...

jeudi 10 avril 2008

Zones Non Gouvernées et Violence Asymétrique

Le blog du King College a mis en ligne un document assez intéressant sur les "zones non gouvernées" (ungoverned areas), préparé pour le Département de la Défense américain. Bien que n'apportant aucun élément neuf, le rapport offre une vision claire et structurée du phénomène de "zones non gouvernées", de "zones sécurisées" (safe havens) et de la menace d'exploitation de ces zones par des groupes "illicites". Le rôle de ces zones est crucial dans la luttre contre-insurrectionnelle et contre-terroriste, comme démontré par les efforts déployés par les Etats-Unis en Afghanistan, Irak et Pakistan.

La principale conclusion du rapport est sans doute celle-ci: "l'étendue des conditions qui rend certains lieux et situations susceptibles d'exploitation comme zone sécurisée n'est pas limitée aux seules considérations politiques qui servent généralement d'explication pour les zones non gouvernées (à savoir l'idée qu'un lieu est non gouverné parce qu'un gouvernement central est incapable ou non enclin à le contrôler). Plutôt, l'expérience suggère qu'une large étendue de considérations géographiques, politiques, civiles, liées au ressources et aux intérêts américains, sont nécessaires pour expliquer le phénomène de zones non gouvernées et de zones sécurisées".

Le rapport distingue 5 grandes catégories de zones, bien qu'il est évident qu'il existe des recoupages entre plusieurs de ces catégories:

  1. Zones non gouvernées (Ungoverned areas): zones où il n'existe aucune régulation, aucune autorité (le cas de certains endroits en Somalie par exemple). Notons que ce cas est très rare puisque dès qu'un groupe, même illicite, comble le vide et exerce une certaine autorité sur la population locale (les Tribunaux Islamiques par exemple), il ne s'agit déjà plus d'une zone non gouvernée.
  2. Zones sous-gouvernées (Under-governed areas): zones où il existe un certain contrôle, bien que limité. C'est le cas de la plupart des "zones sécurisées" (safe havens) aujourd'hui.
  3. Zones mal gouvernées (Ill-governed areas): le régime héberge des groupes illicites dans certaines zones (al-Qaïda et les Taliban en Afghanistan pré-11 septembre).
  4. Zones contestées (Contested areas): les groupes locaux et/ou illicites comblent le manque de gouvernance du régime central. Dans ce cas, deux ou plusieurs gouvernances se superposent.
  5. Zones exploitables (Exploitable areas): les groupes illicites s'installent malgré le contrôle total du gouvernement, en utilisant par exemple les réseaux sociaux, ou en se cachant derrière une vitrine légale (le cas de certains groupes terroristes en Europe par exemple).

Au niveau géographique, il existe trois types de zones non gouvernées: des lieux isolés (jungle, désert, etc.) où des insurgés peuvent facilement trouver abri des forces gouvernementales; les villes, où des individus peuvent bénéficier de "l'anonymat de la multitude"; et des zones maritimes, comme par exemple les archipels en Asie du Sud-Est.

Au niveau politique, les états ont besoin de la volonté d'éradiquer ces zones non gouvernées, mais aussi des moyens de le faire. Ces moyens comprennent des capacités légales, économiques, de renseignement, et de sécurité.

Au niveau civil, les zones non gouvernées peuvent émerger du manque de gouvernance de l'état, mais aussi d'un manque de légitimité. Les groupes illicites, pour prendre racine, peuvent exploiter ce manque de légitimité.

Finalement, des groupes illicites peuvent chercher à exploiter des zones non gouvernées pour développer ou protéger leurs resources (personnel, fonds, communications, transports et armes).

NOTE: L'année dernière, la RAND Corporation avait également publié un long rapport sur les zones non gouvernées qui était également très intéressant puisqu'il comprend 8 analyses de cas, dont la frontière entre la Colombie et le Vénézuela, l'Asie du Sud-Est, ou encore la frontière Afgho-Pakistanaise.

Lire la suite...

Jihad en Chine: Vidéo d'une Exécution

Selon MEMRI, une vidéo du Mouvement Islamique du Turkestan Oriental (MITO), dont j'ai parlé dans un article précédent, postée sur le site islamiste alhesbah montre l'exécution de trois otages chinois par le groupe.

Lire la suite...

Attentats Déjoués en Chine

Les Chinois ont annoncé avoir déjoué un nouveau complot terroriste mis en oeuvre par les séparatistes ouïgours du Mouvement Islamique du Turkestan Oriental (MITO). Selon les autorités chinoises, 45 individus ont été arrêtés. Ils sont accusés d'avoir planifié des attentats suicides et l'enlèvement d'athlètes olympiques. MITO est reconnu comme un groupe terroriste par les Nations Unies et est présumé avoir des liens avec al-Qaïda.

Il existe évidemment de nombreuses raisons de douter de la sincérité des Chinois. En outre, concernant l'utilisation d'attentats suicides, notons que, même si c'est possible, ce serait une première.

La difficulté d'évaluer la véracité des accusations chinoises tient dans la fermeture du régime. Cependant, rationnellement il n'est pas impossible que les Ouïgours utilisent les Jeux Olympiques pour faire connaître leurs revendications. Les commentaires que j'avais fait précédemment restent valides.

Lire la suite...

mercredi 9 avril 2008

La Mort d'al-Masri et la Fin du Contrôle Central d'al-Qaïda

Un officiel américain a annoncé à Fox News, sous couvert d'anonymat, la mort d'Abu Ubaida al-Masri, l'un des leaders d'al-Qaïda. L'information, cependant, doit encore être confirmée. Al-Masri serait mort de façon naturelle. D'une hépatite.

Al-Masri avait joué un rôle clé dans les attentats de Londres en juillet 2005. Il avait recruté et entraîné les terroristes. Il avait également planifié plusieurs autres attentats en Europe, notamment au Danemark. Son rôle: la supervision du terrorisme international. En gros, al-Masri était l'un des derniers leaders de la structure centrale d'al-Qaïda qui avait un rôle allant au-delà de la simple inspiration idéologique. Il donnait des ordres concrets, stratégiques et techniques, et formait lui-même les futurs terroristes. Sa spécialité: les explosifs. Il avait d'ailleurs perdu deux doigts en fabriquant une bombe, ce qui lui avait valu son surnom: "Egyptien à trois doigts".

La mort d'al-Masri signifie au moins quatre choses. Premièrement, la structure centrale d'al-Qaïda semble bel et bien avoir perdu tout réel contrôle sur ses filiales régionale, se limitant à servir de modèle inspirationnel, voire éventuellement à indiquer une direction générale à suivre. Etant donné les récents développements d'al-Qaïda, son extension incontrôlée, il est peu probable d'assister à un retour en force du leadership central. Deuxièmement, bien que peu connu du grand public, c'est une nouvelle figure symbolique d'al-Qaïda qui disparaît avec al-Masri, un "jihadiste typique" ayant fait ses classes en Afghanistan contre les Soviétiques, puis en Bosnie, en Tchétchénie, en Afghanistan et enfin au Pakistan. Le renouvellement de génération au sein d'al-Qaïda atteint les plus hauts niveaux de l'organisation. C'est donc une phase critique pour al-Qaïda. Pour beaucoup de groupes terroristes, le renouvellement générationnel débouche sur une crise menant à la disparition ou à la division. Seul l'avenir pourra dire comment al-Qaïda va gérer cette transition. Cependant, et troisièmement, le fait qu'il soit mort naturellement suggère qu'il a pu préparer sa succession et donc faciliter cette transition, bien que cela soit sans certitude. Enfin, notons simplement que la mort d'un expert en explosifs et toujours un coup dur pour un groupe terroriste étant donné la "valeur" de ce "savoir technique".

Lire la suite...

Témoignages de Petraeus et Crocker Devant le Congrès US

Le grand événement à Washington ce mardi, c'était bien évidemment l'arrivée du général Petraeus, chef des opérations militaires en Irak, et de l'ambassadeur américain Ryan Crocker. Les deux hommes témoignaient devant le Sénat américain ce mardi et ils témoignent devant la chambre des représentants ce mercredi. Je n'ai regardé que le témoignage de ce matin (le plus intéressant). Pas de grande surprise en soi. Petraeus a demandé pour une pause de le retrait des troupes américaines, comme annoncé depuis longtemps. Le témoignage de Petraeus est accessible ici. Ses graphes sont accessibles ici. Le témoignage de Crocker ici.

Lire la suite...

Un Peu d'Humour...

Juste parce que je suis très fatigué et que ça me fait beaucoup rire, voici deux vidéos qui valent la peine d'être vues.
Cette première vidéo fictive du génialissime quotidien américain "The Onion" met en scène un défenseur de la théorie du complot concernant le 11 septembre et un membre d'al-Qaïda. Les deux hommes se disputent la responsabilité de l'attentat.


9/11 Conspiracy Theories 'Ridiculous,' Al Qaeda Says

Dans cette deuxième vidéo, issue de la tout aussi géniale série South Park (bon j'avoue que j'ai mis le temps à apprécier, mais quand on y prend goût, c'est dingue comme ce show est intelligent et révèle de nombreuses choses sur la société américaine... plusieurs profs d'université avec qui j'ai discuté m'ont confié qu'ils regardaient South Park!). Dans cette trilogie intitulée "Imaginationland", les terroristes attaquent... notre imagination!



La solution du Pentagone: Lancer un missile nucléaire sur notre imagination!

Lire la suite...

mardi 8 avril 2008

Maroc: La Grande Evasion

Au Maroc, neuf individus condamnés dans le cadre des attentats de Casablanca en 2003 se sont échappés lundi de la prison de Kénitra en creusant un tunnel de plusieurs mètres de long à trois mètres de profondeur. La presse marocaine qualifie le triste exploit de "grande évasion", en comparaison au célèbre film avec Steve McQueen et Charles Branson sorti en 1963 . Comment sont-ils parvenus à tromper la vigileance des gardes? Regardons un petit extrait de "La Grande Evasion" pour se donner une idée!

Lire la suite...

Nouveaux Blogs

Juste pour signaler quelques ajouts dans la blogoliste. Tout nouvellement créé, le blog Intel Dump, sur le site du Washington Post, traite de l'Irak, de l'Afghanistan, mais aussi du terrorisme et des renseignements. L'auteur est Phillip Carter, un auteur et avocat qui a également servi pendant plusieurs années pour l'US Army.
J'ai également ajouté un deuxième blog du King College consacré aux insurrections.

Côté francophone, j'ai ajouté deux blogs qui ne sont pas nouveaux, mais que je n'avais pas encore inscrit dans ma blogoliste. Bienvenue donc au Military Blog et à Zone Militaire, deux blogs consacrés aux matières de défense.

La blogosphère est en pleine expansion!

Lire la suite...

lundi 7 avril 2008

Rapport Europol: Le Dilemme Européen entre Sécurité Intérieure et Politique Etrangère

Europol, l’organe européen de coopération policière, a publié lundi son rapport annuel sur la situation et les tendances du terrorisme au sein de l’Union Européenne (UE). En le parcourant, et en le comparant avec les rapports précédents, on découvre quelques tendances claires, mais aussi quelques affirmations intéressantes.

Les terroristes ont tenté de frapper en Europe à 583 reprises, ce qui inclut les attaques manquées ou déjouées, comme les attentats jihadistes en Allemagne et en Grande-Bretagne. Ce chiffre représente une augmentation de 24 pourcent par rapport à l’année précédente. L’activité terroriste est donc en hausse. A cette hausse d’activité correspond également un plus grand nombre d’arrestations : 1044, soit 48 pourcent de plus qu’en 2006.

La grande majorité des attaques terroristes (91 pourcent) sont attribuables à des groupes séparatistes, essentiellement en Espagne (ETA – Pays Basque) et en France (FLNC – Corse). Les autres groupes séparatistes actifs en Europe durant l’année 2007 sont le PKK kurde, les Tigres Tamils (LTTE – Sri Lanka) et l’Armée de Libération Nationale Irlandaise (ALNI).

Le nombre d’arrestations liées au terrorisme séparatiste a doublé par rapport à 2006, alors que le nombre d’arrestations liées au terrorisme islamiste a diminué. En outre, un tiers des terroristes islamistes poursuivis en justice ont été acquittés, contre seulement un cinquième des terroristes séparatistes. Cela traduit ce que j’avais déjà souligné auparavant : une surévaluation de la menace islamiste par rapport à d’autres formes de terrorisme, ce qui conduit à un plus grand nombre d’arrestations non confirmées par le système judiciaire. Le plus faible nombre d’acquittements liés au terrorisme séparatiste traduit également une meilleure connaissance de ces dossiers par les services de sécurité et, a contrario, une plus grande ignorance de la menace jihadiste. Néanmoins, la qualité du travail des forces de l’ordre et des services de renseignement a permis de déjouer plusieurs attentats majeurs, notamment en Allemagne.

Si la menace jihadiste demeure perçue comme étant la principale menace terroriste contre les membres de l’UE, ce qui est confirmé par la part prépondérante du rapport qui lui est consacrée, ce n’est pas à cause d’une hausse de l’activité islamiste, mais plutôt à cause du danger potentiel de ces attaques. En effet, les jihadistes cherchent à « frapper fort » en Europe en tuant un maximum de gens, contrairement aux séparatistes. Les échecs en Angleterre et en Allemagne ne font que renforcer cette volonté chez les jihadistes, même si des attaques de moindre ampleur restent possibles, et sont même plus probables étant donné le niveau d’alerte élevé des services de sécurité européens.

Concernant la menace jihadiste, Europol note le danger grandissant des « terroristes domestiques » (homegrown terrorists). De plus en plus, en effet, comme je l’ai déjà noté précédemment, la menace ne vient pas de l’extérieur (via des jihadistes étrangers) mais de l’intérieur (via des terroristes convertis). Cette tendance est très significative car cela indique que le jihad prend racine en Europe. L’enracinement serait facilité par deux facteurs : les conflits en Irak et en Afghanistan qui continuent d’être interprétés comme une « guerre de civilisation » par certains individus et donc facilitent la radicalisation et le recrutement d’une (infime) partie de la jeunesse européenne ; et un développement quantitatif et qualitatif de la propagande jihadiste en Europe, notamment grâce à la traduction de forums jihadistes en anglais, en français et en allemand, ce qui rend le message jihadiste plus accessible. A ce propos, notons que le site islamiste al-Ikhlas, l’un des principaux sites de recrutement, vient de lancer une version française et une version italienne du site.

Dans son rapport, Europol reconnaît également le rôle prépondérant joué par le Pakistan dans la sécurité européenne. Beaucoup de combattants jihadistes sont formés dans des camps pakistanais avant d’aller combattre en Irak, en Afghanistan ou de revenir en Europe. En outre, Europol souligne le danger représenté par l’éventualité du retour en Europe des « combattants irakiens », qui pourraient enseigner leur savoir aux jeunes aspirants terroristes européens. L’importance accordée par Europol à l’Irak, au Pakistan et à l’Afghanistan, est extrêmement intéressante car cela souligne une nouvelle fois que l’UE situe bel et bien la source d’une partie de ses problèmes sécuritaires dans cette région du monde. Dès lors, la sécurité de l’UE est dépendante de l’évolution de la situation dans ces pays. Pourtant, l’indécision européenne en Afghanistan et en Irak demeure énorme, et la prise de responsabilités bien inférieure à ce qu’elle devrait être. J’avais déjà souligné ce dilemme européen entre sécurité intérieure et politique étrangère dans le cas d’un article sur l’Allemagne pour Terrorism Focus magazine.

Enfin, d’autres évolutions notées par Europol valent la peine d’être relevées. En vrac :

  • L’organisation séparatiste basque ETA a commencé à faire usage de vidéos de propagande destinées à recruter parmi la jeunesse basque. Cela pourrait signaler un nouveau modus operandi. En outre, le copiage sur les techniques de recrutement d’al-Qaïda est évident.
  • L’utilisation d’explosifs commerciaux par ETA est en diminution alors que l’utilisation d’explosifs « faits maison » est en croissance.

  • L’accroissement des tensions entre le PKK et la Turquie a eu des répercussions sur l’activité terroriste kurde en Europe.

  • Le terrorisme d’extrême-gauche est en déclin, mais toujours actif. En Italie, la menace est même en hausse.

Lire la suite...

dimanche 6 avril 2008

Langage et Contre-Insurrection

Les auteurs du blog Abu Muqawama soulignent de manière assez juste l'importance de la barrière linguistique dans les opérations de contre-insurrection. Dans le cas irakien, disent-ils, les Américains se sont retrouvés contraints de soutenir le mouvement pro-iranien du Conseil Suprême Islamique en Irak (CSII), aux dépends du groupe de Moqtada al-Sadr, parce que seuls les membres du CSII parlaient anglais. Le rôle de la langue souligne encore une fois, s'il le fallait, que les opérations militaires sont souvent dépendantes de facteurs inattendus et incontrôlables qui forcent certaines décisions et modifient profondément le cours des choses. Cette stratégie pourrait évidemment (a déjà) des conséquences énormes sur l'issue du conflit en Irak.

Lire la suite...

La Montée du Jihadisme Allemand

Les services de renseignement allemands ont averti que deux hommes de nationalité allemande pourrait être en train de préparer un attentat en Afghanistan. Eric B. est un jeune allemand de 20 ans, converti à l'islam, Houssain al-M est un Allemand de 24 ans, d'origine libanaise. Les deux hommes seraient liés à la cellule du Sauerland qui avait planifié plusieurs attentats en Allemagne l'année dernière.

On notera dans cette affaire plusieurs constantes: une radicalisation apparement tardive, une moyenne d'âge jeune et un passage par les camps d'entraînement pakistanais. On remarquera également que Houssain avait été arrêté et interrogé par les services pakistanais puis renvoyé en Allemagne d'où il s'est directement enfui vers le Pakistan à nouveau, de peur d'être arrêté par la police allemande. Ce qui démontre une nouvelle fois les difficultés et les limites de la collaboration internationale en matière de contre-terrorisme.

Enfin, il est important de souligner que les deux hommes avaient des liens avec la cellule de Sauerland, bien que ces liens soient peu clairs. Le premier kamikaze allemand, Cüneyt Ciftci, était également lié à la même cellule. Cela nous rappelle un nouvelle fois qu'il faut relativiser la théorie des "terroristes isolés" de Marc Sageman, qui s'applique à certains cas, mais ne peut pas être généralisée.

Lire la suite...

vendredi 4 avril 2008

Débat sur les Civils en Période de Guerre

« Le sort des civils pendant la guerre est souvent négligé par la littérature scientifique », a reconnu Marc Lynch, auteur de l’excellent blog Abu Aarvark, lors du discours d’introduction pour un débat qui se tenait ce vendredi à la George Washington University concernant les victimes civiles de la guerre. « Il existe une littérature abondante sur les causes de la guerre et aussi sur les solutions, mais très peu d’études se penchent sur la conduite de la guerre, ce qui comprend le traitement de la population civile », a dit Paul Huth, professeur à l’université de Maryland.




















Paul Huth, Colin Kahl et Marc Lynch débattent à la George Washington University.

Paul Huth étudie en ce moment les raisons qui poussent certains gouvernements à tuer délibérément des civils pendant des conflits interétatiques (les guerres civiles étant l’objet d’autres études). Selon lui, les guerres ayant fait un grand nombre de victimes civiles délibérées sont extrêmement rares. Généralement, les guerres font beaucoup plus de victimes délibérées parmi les soldats que parmi la population civile. Trois facteurs, selon Paul Huth, accroissent le nombre de victimes civiles délibérées : le type de guerre (les opérations de contre-insurrection tuent davantage) ; l’objectif de la guerre (les guerres de conquête sont plus meurtrières) ; et la durée de la guerre (plus la guerre est longue, plus il y a de victimes).

Pourquoi tuer délibérément des civils ? Deux raisons : mettre fin à la guerre lorsque les moyens militaires ont échoué, et réduire le coût de la guerre. Finalement, dit Huth de manière assez pessimiste, « il semble que les normes internationales n’aient aucun pouvoir restrictif sur les tueries de la population civile ».

Colin Kahl, professeur à Georgetown University et spécialiste des opérations américaines en Irak, a relayé le débat qui entoure l’estimation des victimes civiles en Irak depuis 2003. L’organisation Iraq Body Count estime le nombre de morts violentes parmi la population depuis 2003 à 90.000. Selon Kahl, « il est fort probable que ce nombre soit bien en dessous de la réalité ».

Cependant, explique Kahl, les Etats-Unis ne sont pas responsables pour toutes ces morts. Il estime entre 10.000 et 20.000 le nombre de civils tués par les Américains lors d’opérations, ou d’échanges de tirs. « Ce nombre peut paraître élevé, dit Kahl, mais en comparaison avec d’autres conflits similaires, cela reste 100 fois inférieur aux Russes en Tchétchénie et 10 fois inférieur au Vietnam ». Colin Kahl conclut en disant que cela reflète un apprentissage des Américains au niveau tactique et stratégique de l’importance de la protection de la population civile.

Lire la suite...

Explosion des IEDs...sur le marché

L'utilisation de bombes improvisées (Improvised Explosive Devices - IED) est en augmentation à travers le monde, selon un rapport TRITON. L'IED est l'une des armes favorites des insurgés irakiens. Chaque mois, environ 600 de ces engins explosifs explosent, principalement le long des routes contre des convois militaires de la coaltion. Les IED sont aussi utilisés en Afghanistan.

TRITON, cependant, prévient que l'utilisation des IED se propage au-delà des théâtres irakiens et afghans. Il y aurait entre 200 et 300 explosions d'IED à travers le monde, en dehors de ces deux pays. Principalement en Somalie, au Sri Lanka, en Inde et en Thailande. Les experts militaires craignent que les IED deviennent, globalement, l'arme de prédilection des insurgés/terroristes. Les IED sont faciles à construire, difficiles à détecter, et extrêmement meurtriers.

Lire la suite...

jeudi 3 avril 2008

Zawahiri Répond aux Questions des Internautes

As Sahab, le média d’al-Qaïda, a publié hier la première partie des réponses de Ayman al-Zawahiri aux questions posées par des internautes. Le 16 décembre 2007, al-Zawahiri avait annoncé de manière inattendue qu’il répondrait aux questions posées sur certains sites internet concernant al-Qaïda et le Jihad. Cette initiative ancrait encore davantage al-Qaïda dans le web 2.0.

De manière assez frappante, al-Zawahiri ne s’est pas limité aux questions qui encouragent ou félicitent les accomplissements d’al-Qaïda. Au contraire, il a même sélectionné plusieurs questions relativement critiques à son égard. Un internaute, par exemple, demande : « N’êtes-vous pas d’accord que la fréquence de vos apparences sur le satellite confirme ce que le Docteur Fadl dit de vous : que vous n’êtes rien de plus qu’un phénomène médiatique qui aime se montrer et la célébrité ? ». Pourquoi Zawahiri a-t-il décidé de mettre en avant de telles questions ? Pour montrer son ouverture ? Ou bien pour faire taire une critique grandissante au sein des militants à l’égard du leadership ?

Un grand nombre de questions sont liées à l’idéologie d’al-Qaïda et à sa stratégie. Etant donné le caractère quelques fois confus de l’idéologie du groupe et de sa stratégie, les interrogations des internautes ne sont pas surprenantes. Une thématique constante apparaît à travers l’ensemble des questions : Qui est l’ennemi principal d’al-Qaïda ? Quelle est la cible prioritaire ? Est-il acceptable pour al-Qaïda de s’allier avec des « infidèles » pour combattre d’autres « infidèles » ? La fin justifies-t-elle les moyens ?

Voici quelques extraits des réponses d’al-Zawahiri, ordonnées par thématiques :

Sur la légitimité de tuer des innocents :

We haven’t killed the innocents, not in Baghdad, nor in Morocco, nor in Algeria, nor anywhere else. And if there is any innocent who was killed in the Mujahideen’s operations, then it was either an unintentional error.

(…) I would like to clarify to the brother questioner that we don’t kill innocents: in fact, we fight those who kill innocents. Those who kill innocents are the Americans, the Jews, the Russians and the French and their agents. Were we insane killers of innocents as the questioner claims, it would be possible for us to kill thousands of them in the crowded markets, but we are confronting the enemies of the Muslim Ummah and targeting them, and it may be the case that during this, an innocent might fall unintentionally or unavoidably, and the Mujahideen have warned repeatedly the Muslims in general that they are in a war with the senior criminals – the Americans and Jews and their allies and agents – and that they must keep away from the places where these enemies gather.

Sur les Nations Unies :

The United Nations is an enemy of Islam and Muslims: it is the one which codified and legitimized the setting up of the state of Israel and its taking over of the Muslims’ lands. It is the one which considers Chechnya an inseparable part of Crusader Russia, and consider Ceuta and Melilla inseparable parts of Crusader Spain.


Sur le Hamas palestinien :

I took a gradual approach with HAMAS, from support to repeated advice to warning to general criticism, but when they signed the Makkah accord, frank criticism was a must.

(…) I always differentiated in my messages between the political leaders of HAMAS and the Mujahideen of HAMAS and the rest of the Mujahideen in Palestine. I criticized the leaders of HAMAS and will continue to criticize them as long as they adhere to the secular Palestinian constitution and as long as they don’t declare their abandonment of the Makkah accord. As for the Mujahideen of HAMAS and the rest of the Mujahideen in Palestine, I supported them and continue to support them, and I call on the Ummah to aid them, especially the tribes of the Sinai.

(…) I don’t agree with declaring HAMAS’s leaders to be unbelievers. Declaring individuals to be unbelievers is a serious matter in which there must be the presence of prerequisites and the absence of impediments.


Sur l’Egypte :

Egypt after 25 years has become more degenerate, corrupt and vassal-like.

(…) Stop backing the corrupt regimes in their countries, and to mobilize the Ummah to confront them, and to lay bare the treasonous governments which defend them, in addition to exhorting the Muslims to diligently strive to rid themselves of the corrupt, corruptive governments which are sitting on their chests. Egypt and the rest of the lands of the Muslims are not out of our sight, but victory comes through patience.


Sur les tensions entre l’Iran et les Etats-Unis :

The dispute between America and Iran is a real dispute based on the struggle over areas of influence, and the possibility of America striking Iran is a real possibility. As for what might happen in the region, I can only say that major changes will occur in the region, and the situation will be in the interest of the Mujahideen if the war saps both of them. If, however, one of them emerges victorious, its influence will intensify and fierce battles will begin between it and the Mujahideen.


Sur la fin du Jihad :

Question : The defeat of the Americans began in Kabul, and is passing by Baghdad today, so where will it end?
Réponse : As for America’s defeat, it will end in the White House, with Allah’s permission.


Notons ici que Zawahiri ne précise pas ce qu’il entend par “finir à la Maison Blanche”. Cela signifie-t-il la mort de Bush comme souhaitée par les membres d’al-Qaïda, ou une victoire des démocrates lors de la prochaine élection présidentielle ?

Sur Oussama Ben Laden :

Shaykh Usama bin Laden is healthy and well, by the grace of Allah.

Lire la suite...

L'Art de la Photographie: Une Arme de Propagande



Dans cette vidéo, Thomas Dworzak, un photographe allemand primé de nombreuses fois, explique son travail en temps que photographe de guerre. Outre, les nombreuses incroyables photos montrées dans cette vidéo, je suis surtout frappé par ses remarques aussi profondes que provocatrices. Je ne suis pas d'accord avec tout ce qu'il dit, mais une de ses remarques m'a beaucoup fait réfléchir. Dworzak suggère que la popularité d'un groupe armé est liée à la couverture médiatique (jusque là, rien de neuf). Mais il semble aussi suggérer que l'une des raisons de l'impopularité internationale de l'insurrection irakienne tient dans la non-infiltration de journalistes/photographes internationaux parmi les insurgés. Il explique que les rebelles Chéchènes ou Bosniaques rendaient son travail relativement facile. La vision de ces guerres était souvent celle du faible par rapport au fort. En Irak, à linverse, il est impossible de sortir du "cadre américain". Dès lors, dit-il, on ne parle pas de l'Irak mais des Américains en Irak. Les images des insurgés proviennent des insurgés eux-mêmes. Cette explication est loin d'être suffisante. Mais je trouve la réflexion très intéressante. Les Américains gagneraient-ils la guerre de propagande contre les insurgés?

Lire la suite...

"Reconnaissance de Tendances Comportementales": La Sécurité de Tous par Tous

Mardi, un homme de nationalité jamaïquaine a été arrêté à l'aéroport d'Orlando, Floride. Dans son sac de voyage, il transportait tout le matériel nécessaire pour fabriquer une bombe. Il a reconnu que son objectif était bien d'assembler la bombe...mais pas pour la faire exploser dans l'avion. En fait, Kevin Brown voulait montrer à ses amis en Jamaïque comment les insurgés irakiens construisent leurs IEDs (Improvised Explosive Devices). Brown avait servi dans l'armée américaine entre septembre 1999 et décembre 2003.

Pour le moment, les enquêteurs cherchent encore à établir si Brown est atteint de troubles psychologiques. En réalité, dans cette affaire, le plus intéressant tient dans le modus operandi menant à l'arrestation plus que dans les motifs du suspect, qui doivent encore être établis.

C'est un employé de la compagnie aérienne qui a prévenu les services de sécurité. Brown, apparemment, agissait de manière étrange en attendant l'embarquement. L'homme avait passé tous les contrôles de sécurité, mais c'est un employé chargé de l'embarquement qui a découvert le pot aux roses. Une nouvelle illustration du rôle important joué par chaque individu dans la lutte contre le terrorisme (et la criminalité en général).

La réaction de l'employé n'est pas totalement dûe au hasard. Depuis quelques temps, plusieurs aéroports américains ont lancé un nouveau programme intitulé "Behavior Pattern Recognition" (BPR), ou la "Reconnaissance de Tendances Comportementales". Concrètement, BPR propose une série de comportements décrits comme "suspects": quelqu'un qui transpire abondamment dans une salle aérée, quelqu'un qui va sans cesse aux toilettes avant d'embarquer, etc. BPR a été créé par Rafi Ron, l'ancien directeur de la sécurité à l'aéroport Ben Gourion en Israël.

Selon Rafi Ron, BPR est le travail non pas de quelques officiers, mais de tout le personnel de l'aéroport, allant du voiturier jusqu'à madame pipi (surtout madame pipi d'ailleurs, étant donné l'absence de caméras dans les toilettes). Dès lors, dans les aéroports où ce programme a été instauré, tous les employés ont reçu une formation au BPR.

Le BPR présente plusieurs problèmes évidents. Le principal étant sans doute que la formation de base (2 heures) est certainement insuffisante pour modifier certains préjugés profondément ancrés dans la psyché individuelle. Dès lors, il y a de fortes chances que madame pipi soit davantage vigilante vis-à-vis de ses "clients" arabes que de "Monsieur tout le monde". Or, outre les dangers liés au délit de faciès, les dernières déclarations du directeur de la CIA, Michael Hayden, soulignent que les prochains terroristes d'al-Qaïda seront sans doute occidentaux, ou du moins occidentalisés. Et donc, madame pipi pourrait bien se méfier des mauvaises personnes...

Le BPR vient de démontrer son efficacité à Orlando. Il n'y a aucun doute que notre sécurité soit l'affaire de chacun, et donc le BPR est une initiative dans la bonne direction. Cependant, les lacunes et les problèmes de cette stratégie sont nombreux. C'est en étant conscient des avantages et des désavantages de cette technique que l'on pourra avancer vers une meilleure stratégie de contre-terrorisme.

Lire la suite...

mardi 1 avril 2008

Deux Mois Déjà: Et si l'on Parlait de VOUS

Voilà, cela fait un peu plus de 2 mois qu'a été créé Le Front Asymétrique. 73 articles déjà, soit plus d'un par jour. De longueur inégale, bien entendu, mais de qualité régulière, j'espère. Moi, c'est certain je ne regrette pas la création de ce blog. Je prend plaisir à y contribuer chaque jour, et à interagir avec vous, lecteurs. Mais vous? Que pensez-vous?

Je voudrais recueillir ici vos premières impressions sur Le Front Asymétrique, des commentaires, des suggestions, mais aussi des critiques (constructives si possible). Utilisez pour cela la fonction "Commentaires".

Quelques points sur lesquels je m'interroge particulièrement: aimez-vous la fonction "lire la suite" (ce qui permet d'éviter trop de scroll pour les longs articles); quels sont les thèmes qui vous intéressent particulièrement; quels sont vos "genres" d'articles préférés...voilà quelques interrogations. Mais, svp, ne vous limitez pas à cela...

Enfin, j'envisage éventuellement de créer deux nouvelles rubriques hebdomadaires. L'une serait publiée le lundi matin et serait une revue de presse (titre+premier paragraphe+lien vers l'article) des principaux articles parus sur le terrorisme/insurrections/asymétrisme dans la presse francophone de préférence durant la semaine précédente. Ce serait cependant une sélection (entre 5 et 8) des plus importants/intéressants.

La deuxième rubrique reprendrait des liens vers les "documents essentiels" publiés par divers organisations sur ces sujets...

Dites-moi ce que vous en pensez.

Bien à vous,

TR

Lire la suite...

Nouvelle Publication: Terrorisme Turc en Belgique

Je viens de publier un article dans le dernier numéro de Terrorism Focus qui traite de la présence du terrorisme turc en Belgique, et de son influence sur les relations bilatérales entre Bruxelles et Ankara. Je le copie ci-après. Le lien permanent vers l'article est ici.

Presence of Turkish Terrorists in Belgium Leads to Dispute with Ankara
By Thomas Renard

Belgium and Turkey have a somewhat tense and delicate relationship that has lately been complicated by a dispute over counter-terrorism efforts. Ankara believes that activities by Turkish terrorist groups abroad constitute a Turkish matter. Brussels, on the other hand, attempts to resist Turkish pressure on these issues while evaluating terrorist activities in their Belgian and European context. Moreover, Brussels questions Ankara’s respect for human rights, leading to difficulties in counter-terrorist cooperation and extradition efforts. Nevertheless, both countries are tightly interrelated and are therefore compelled to maintain good relations, at least in appearance.

On March 21, during the celebration of the Kurdish New Year in the streets of Liege, Belgian police arrested Mehmet Sahin, a 33-year old member of the Kurdish terrorist organization the Kurdistan Workers’ Party (PKK). The arrest occurred one month after the controversial acquittal by a Belgian court of seven members of the radical Turkish Revolutionary People’s Liberation Front/Party (DHKP/C) (AFP, February 9). The arrest of Sahin has the appearance of a make-up gift designed to placate Turkish indignation over the acquittal of figures wanted on terrorism charges in Turkey.

Mehmet Sahin is accused of having participated in various terrorist attacks in the southeastern Turkish province of Diyarbakir between 1992 and 1997. One of those attacks against a police station killed 23 people (Today’s Zaman, March 24). Sahin illegally entered Belgium in 2000 and appealed for asylum. He was the subject of seven arrest warrants in Turkey and was named in an Interpol “Red Notice,” which requests the arrest and extradition of wanted individuals. At the moment Sahin is in the Lantin Prison in Liege, waiting to be extradited. Belgium, however, demands guarantees that he will not be sentenced to death, according to Belgium’s national policy on capital punishment (De Morgen, March 23).

Mehmet Sahin was living in the Liege area, where most of Belgium’s Kurdish population is concentrated. Members of the PKK are present mainly in Germany, but also in Belgium, France, the Netherlands and the United Kingdom. Through propaganda efforts they try to gather active and passive support for their cause. Kurds are also alleged to have financed militant activities through criminal operations in Europe. Various reports have emphasized that those operations are ongoing (Spiegel Online, October 30, 2007; Frankfurter Allgemeine Zeitung, April 5, 2005). In Brussels Kurdish groups also attempt to pressure European diplomats.

It is not the first time that Belgian authorities have taken action against the PKK. In 1996, for instance, Belgian police conducted Operation Sputnik in collaboration with Scotland Yard. The operation discovered some $11 million in an account held by Med TV Broadcasting Company, accused of having ties to the PKK. Security officials tied these funds to operations related to drugs, weapons and human trafficking. The raids resulted in the closure of Med TV in 1999. In 2002, Belgian and French investigators launched Operation Sputnik II, breaking up an extensive PKK money-laundering operation [1].

In late February, the Belgian Ministry of Finance imposed a tax fine of more than $6 million on Roj TV, the successor of Med TV, which could cause the closing of the PKK-affiliated broadcaster (Today’s Zaman, February 20).

On February 7, Antwerp’s Court of Appeal acquitted seven members of the DHKP/C, a Turkish Marxist-Leninist terror group that wishes to take power through violence. The seven individuals were accused of directing terrorist operations from their headquarters in Knokke-Heist, a quiet town on the Belgian coast. In raids conducted during 1999, police found weapons, ammunitions, false documents and propaganda material in a small apartment (La Libre Belgique, February 8). Although they had been convicted in two previous trials, the judge of Antwerp’s Court decided that the suspects were not directly related to any terror plot. Hence, four individuals—Sukriye Akar Ozordulu, Dursun Karatas, Zerrin Sari and Bahar Kimyongur—were completely discharged. Three others—Musa Asoglu, Fehriye Erdal, and Kaya Saz—were condemned to prison sentences ranging from 21 months to three years for illegal possession of weapons and production of false documents. In other words, the judge envisioned the Knokke cell as a mere propaganda arm of the DHKP/C in Belgium, and not as a terrorist cell. The public prosecutor, however, announced that it will bring the case to the Cassation (appeals) Court (Belga, February 21).

In Turkey, newspapers expressed exasperation after the acquittal of the seven members of the DHKP/C. Milliyet styled it “The Comedy of Judges,” while Vatan wondered: “Is this the justice of European Belgium?” (February 8). The Islamist newspaper Yeni Safak observed: “Instead of catching them, they release them” (February 8). In general, the Turkish people do not understand why members of a group that has killed more than 300 of their fellows and which is designated as a terrorist organization by the United States and the European Union are said to be innocent. Dursun Karatas, who was totally discharged, is the secretary general of the DHKP/C.

The reaction from the political world was even more vehement. “Such decisions give encouragement to terror groups,” said Cemil Cicek, Turkish deputy prime minister and government spokesman. “It shows some countries are not fulfilling their responsibilities in the fight against terrorism,” he continued (Journal of Turkish Weekly, February 13). The president of the National Assembly, Koksal Toptan, declared: “It is scary that Belgian authorities do not qualify as terrorist the DHKP/C, an organization that the entire world defines as such… Nobody in the future will feel the need to cooperate in the fight against terrorism… Terrorism has taken a global turn. If all the countries refuse to do their part in this common fight, terrorism will never be defeated” (Le Soir, February 9).

The members of the Knokke cell—Fehriye Erdal, Musa Asoglu and Bahar Kimyongur—were sentenced to prison for the first time in Bruges in February 2006. Their sentence was confirmed in Gent in November 2006. However, the trial was marked by the theatrical escape of Fehriye Erdal, a young Turkish woman living in Belgium. Fehryie Erdal participated in the assassination of the head of the Sabanci Holding company, Ozdemir Sabanci, his secretary and the director of the Turkish Toyota company on January 9, 1996. Although she did not kill the three individuals, Erdal allowed the two killers entry into the building with her employee’s pass. Since the 1990s, Ankara has asked several times for her extradition. Belgium refused as it feared Erdal would be sentenced to death. In 2002, Turkey abandoned the death sentence, but Belgium maintained its refusal, which was a hard pill to swallow for Ankara. Erdal decided to flee from Belgium the day before the announcement of the sentence, disappearing despite the tight surveillance of the Surete de l’Etat, Belgium’s domestic intelligence agency, which had no legal power to stop her. The incident created much political tension within Belgium as well as irritating relations between Brussels and Ankara. Erdal is still on the run.

As it turned out, Erdal received only a two year suspended sentence in the last trial in Antwerp (AFP, February 7). A Belgian commission headed to Istanbul in February in order to meet with the judges and investigators in charge of the Erdal case, indicating the opening of a new investigation in Belgium on the triple murder. The Turkish justice minister estimates, however, that the commission arrived “too late” (Belga, February 16).

After Erdal’s disappearance, Belgium came under considerable political pressure from Turkey. Therefore, the government decided to give Turkey Bahar Kimyongur, a Belgian national charged by Turkey with membership in the DHKP/C. As a policy, Belgium does not normally extradite its nationals, but when Kimyongur crossed the border to assist in a music concert in the Netherlands, an arrest was made by Dutch security officials, which was believed to have been engineered by the Belgian security services. At a secret meeting on March 26, 2006, Belgian Prime Minister Guy Verhoftadt, Interior Minister Patrick Dewael and Justice Minister Laurette Onkelinx, along with representatives of the federal police and the Surete de l’Etat, organized the extradition of Bahar Kimyongur to Turkey. The secret committee agreed to provide classified information on Kimyongur to the Dutch police that led to his arrest (Radio et de la television belges francophones, September 19, 2006). Nevertheless, the Dutch police released him due to a lack of evidence. The story made headlines, with many denouncing the strategy as “worthy of the worse dictatorships” and as a sign of weakness in the face of Turkish pressure (Le Soir, February 7). Bahar Kimyongur has now been totally discharged by Antwerp’s Court.

The relationship between Brussels and Ankara is extremely complex. Cooperation on counter-terrorism constitutes a major aspect of that relationship, as well as representing a source of conflict. Turkey has a more aggressive counter-terrorism policy than Belgium, resulting in the creation of tension between the two countries. However, the two nations maintain strong ties originating in their economic relations and the presence of a substantial Turkish diaspora in Belgium. Turkey is also trying to enter the European Union and will require Belgian cooperation to achieve this. The formation of a new government in Belgium, chaired by Yves Leterme, who is hostile to Turkish accession to the EU, has the potential to complicate Turkey’s efforts, but both Brussels and Ankara have strong incentives to repair their deteriorating relationship.

Notes

[1] Mitchel P. Roth and Murat Sever, “The Kurdish Workers Party (PKK) as Criminal Syndicate: Funding Terrorism through Organized Crime, A Case Study,” Studies in Conflict and Terrorism Vol. 30, October 1, 2007, pp. 901-920.

Lire la suite...